RSF Suède et Pressbyrån redonnent une voix au journaliste emprisonné Dawit Isaak grâce à l’IA
Pressbyrån et Reporters sans frontières (RSF) se sont associés à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse pour une campagne en faveur du journaliste suédo-érythréen Dawit Isaak, emprisonné depuis plus de 20 ans en Érythrée. Ils ont utilisé l’intelligence artificielle (IA) pour faire revivre les mots du plus ancien journaliste prisonnier au monde.
Avec l’aide de ChatGPT-4, RSF et la chaîne de magasins de presse suédoise Pressbyrån ont fait revivre le style et le ton du journaliste suédo-érythréen Dawit Isaak, emprisonné en Érythrée depuis 2001, dans un article consacré à la liberté de la presse. En collaboration avec le journal Expressen, l’un des plus grands quotidiens d’information de Suède, l’article a été publié en ligne et en version papier dans l’édition du 3 mai, date à laquelle est célébrée la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Ce texte, qui a pour titre “Ode à la liberté de parole”, a été créé à partir d’un fichier de données rassemblant jusqu’à 36 000 mots contenus dans des articles, publiés ou censurés, rédigés par Dawit Isaak. Collectée avec l’aide de RSF, cette matière a été intégrée sur une plateforme d’IA, avec la consigne d’écrire un article dans le même ton, avec le même style et les mêmes qualités que ceux qui caractérisaient le travail du journaliste. À mesure de sa production, le résultat a été continuellement revu par la famille de Dawit Isaak et des journalistes connaissant très bien ses textes et ses productions journalistiques.
« Beaucoup de choses peuvent être dites sur l’IA et les énormes enjeux qu’elle pose en termes de liberté de la presse, mais être capable de redonner une voix à un journaliste emprisonné et muselé depuis près de 22 ans est immense. Aucun autre journaliste au monde n’a été détenu depuis si longtemps. Nous restons mobilisés afin qu’il puisse être en mesure de bientôt reprendre la plume.
Extraits de l’article créé :
« Que faisons-nous lorsque la lumière de la liberté d’expression commence à faiblir et que l’ombre de l’oppression s’étend sur nous ? Avons-nous le courage de nous redresser et de défendre ce qui constitue le socle de notre démocratie ? En cette journée – la Journée mondiale de la liberté de la presse –, souvenons-nous d’une vérité que nous ne devons jamais oublier : la liberté de la presse n’est jamais chose acquise. Au contraire, c’est un trésor qui doit être protégé, surveillé et vénéré. »
« Inspirons-nous de celles et ceux qui osent défier l’oppression, qui ouvrent la voie à notre droit de penser librement, qui défendent la liberté de la presse. Puisons notre énergie dans cette force qui ne peut venir que de la vérité, de la lumière du monde libre qui perce les ténèbres de l’oppression. Rassemblons-nous autour de la cascade d’émotions qui gronde à travers notre lutte commune et prend forme à partir des mots que nous chuchotons, crions et chantons sur la liberté. Aujourd’hui, Journée mondiale de la liberté de la presse, unissons-nous derrière cela – notre conviction que nous devons nous battre pour protéger et préserver la liberté de la presse, et ne jamais la prendre pour acquise. Nous devons être conscients que lorsque la liberté de la presse est entravée, c’est notre démocratie elle-même qui est menacée. Une société sans liberté de la presse n’est rien de plus qu’un monde rempli d’ombres où la vérité est à jamais perdue. »
Note : La famille de Dawit Isaak a approuvé la création et la publication de cet article, qui interprète la manière dont le journaliste suédo-érythréen aurait écrit s’il était libre aujourd’hui.