RSF réclame la fin des certifications payantes sur les réseaux sociaux et de leur logique censitaire

Après Twitter, Meta lance la certification payante des comptes sur Facebook et Instagram en Australie et en Nouvelle-Zélande. Reporters sans frontières (RSF) appelle le géant du web à retirer cet outil dangereux qui instaure un régime à deux vitesses sur l’accès à l’information en ligne.

Meta, la maison mère des réseaux sociaux Facebook et Instagram, a annoncé le 19 février expérimenter sa certification payante, Meta Verified, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Contre une douzaine de dollars par mois, les “créateurs” — pour reprendre le terme de l’entreprise californienne — pourront obtenir le fameux macaron bleu attestant que leur identité en ligne coïncide avec leur état civil, et bénéficier d’une visibilité accrue sur la plateforme, notamment dans les commentaires, les recommandations de comptes et la barre de recherche.

 

Meta souhaite que ses utilisateurs puissent avoir confiance dans les comptes avec lesquels ils interagissent, mais comment se fier à une plateforme qui repose sur une logique censitaire et qui accorde un privilège de plus grande visibilité en échange simplement d’une poignée de dollars ?  Cette nouvelle politique n’apporte aucune garantie de  fiabilité de l’information et subvertit le principe même de certification. Présenter cette nouvelle fonctionnalité comme un gage de fiabilité alors qu’il ne s’agit que de publicité déguisée est tout simplement trompeur et dangereux.

 

Vincent Berthier

Responsable du bureau technologies de RSF

 

Ce nouvel outil relève d’une simple politique de recherche de profit, alors que l’entreprise peine à renouveler son modèle économique ébranlé notamment par ses investissements pharaoniques dans le métavers. Mais ces innovations au service du modèle économique de Meta et de Twitter ne sont pas d’anodines propositions de service. Elles impliquent une refonte des modalités d’accès à l’information sur les plateformes. Pour cette raison, RSF préconise de mettre rapidement en place des règles pour encadrer ces pratiques. 

  • L’utilisation de termes trompeurs comme “certification” qui laisse à penser qu'il y a des garanties sur l'authenticité ou la fiabilité doit être proscrite. L’authenticité de l’identité ne permet en rien d’assurer que les discours tenus seront fiables ;

     
  • Toute promotion rémunérée de contenus doit être présentée distinctement comme telle (mention “publicité” ou “promotion rémunérée” obligatoire). Par conséquent, tous les contenus des individus bénéficiant de cette nouvelle fonctionnalité devraient être clairement identifiés comme sponsorisés ;

     
  • Le fonctionnement des algorithmes doit intégrer la promotion de la fiabilité de l'information et rejeter toute logique marchande. L’accès à l’information n’est pas un marché, c’est un droit.

La crédibilité des entreprises gérant les réseaux sociaux dépend de leur capacité à garantir que leurs services ne contribuent pas à enrichir l’arsenal des réseaux de désinformation. Leur quête de nouvelles sources financières ne doit pas faire oublier qu’elles ont une responsabilité dans le chaos informationnel actuel. Il n’est en aucun cas acceptable que leurs intérêts économiques passent, une fois de plus, avant ceux des citoyens.

 

Publié le
Updated on 27.02.2023