RSF : “Nous saluons l’ouverture d’une enquête en Lituanie en droite ligne avec notre plainte contre Loukachenko”

Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) a rencontré aujourd’hui à Vilnius le procureur en chef du département de lutte contre la corruption et le crime organisé, au bureau du procureur général de Lituanie. Cette rencontre intervient deux jours après que RSF a déposé plainte pour “détournement d’avion avec intention terroriste” et après l’annonce de l’ouverture d’une enquête en ce sens par le procureur général de Lituanie.

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Le 25 mai, quarante-huit heures après le détournement par les autorités bélarusses de l’avion de RyanAir qui devait rejoindre Athènes à Vilnius, qui a eu pour objet l’arrestation du journaliste Raman Pratassevitch, Reporters sans frontières (RSF) déposait plainte auprès du parquet général de Lituanie contre Alexandre Loukachenko et toute personne que l’enquête pourrait identifier, pour “détournement d’avion avec intention terroriste”. Le lendemain, par la voix de Gintas Ivanauskas, récipiendaire de la plainte, le parquet général de Lituanie confirmait précisément l’ouverture d’une enquête sur ce fondement.


Lors d’une mission d’urgence à Vilnius (Lituanie), le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, et la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie Centrale, Jeanne Cavelier, ont pu échanger avec le procureur en chef Martynas Jovaisa, chef du département de lutte contre la corruption et le crime organisé au bureau du procureur général. Lors de cet entretien, le procureur en chef Jovaisa a exprimé “la satisfaction [du bureau du procureur général] qu’une organisation internationale comme RSF a manifesté son intérêt dans cette procédure”. La plainte de RSF “a été intégrée à l’enquête pénale” a-t-il ajouté.


“Nous saluons l’ouverture de cette enquête et la qualité du dialogue initié avec le bureau du procureur général. Les charges [de “détournement d’avion avec intention terroriste”] retenues par le procureur général de Lituanie sont pertinentes et leur application à un chef d’Etat serait sans précédent, a déclaré Christophe Deloire à l’issue de l’entretien. L’intention de Loukachenko de terroriser la communauté journalistique ne fait pour nous aucun doute, le sort tragique réservé à Raman et sa compagne Sofia le confirme. Toute la panoplie judiciaire européenne jusqu’au mandat d’arrêt européen doit être activée pour que ce crime gravissime ne reste pas impuni et obtenir leur libération”.


“Les journalistes sont la première cible”


Lors de cette mission, la délégation de RSF a rencontré un groupe de journalistes bélarusses en exil, ainsi que la leader de l'opposition bélarusse, Svetlana Tsikhanouskaïa. “Les journalistes sont la première cible” du pouvoir en place, a-t-elle rappelé, soulignant l’importance de la mobilisation internationale, notamment celle de RSF. De son côté, Christophe Deloire a fait valoir l’importance de renforcer les mécanismes internationaux pour la protection des journalistes et développé des orientations pour le soutien aux journalistes bélarusses. Il a annoncé que RSF a co-saisi la Media Freedom Coalition (MFC), initiée par les gouvernements britannique et canadien, de la situation des journalistes bélarusses, notamment en vue du prochain G7.


Lors d’un entretien avec le vice-ministre lituanien des Affaires étrangères, Mantas Adomėnas, RSF a salué le rôle important de la Lituanie pour l’amélioration du droit international en matière de protection des journalistes. C’est sous la présidence lituanienne du Conseil de sécurité que ce dernier avait adopté la résolution 2222 en mai 2015. Le secrétaire général de RSF s’était exprimé lors de la séance au siège de l’ONU à New York. RSF demande la mise en place d’un mécanisme d’application du droit international, sous la forme de la nomination d’un représentant spécial du secrétaire général de l’ONU sur la protection des journalistes. “Après cette affaire sidérante, la Lituanie a toute la légitimité et toutes les raisons d’user de son influence pour obtenir cette indispensable nomination”, a déclaré Christophe Deloire.


Théâtre d’une répression sans précédent des journalistes depuis la réélection contestée du président Alexandre Loukachenko depuis le 9 août 2020, le Bélarus a perdu 5 places (158e sur 180) au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par RSF.

Publié le
Updated on 27.05.2021