RSF et ses partenaires exposent l’incapacité de la Grèce à protéger la liberté de la presse et appellent l’Union européenne à prendre des mesures fortes
Reporters sans frontières (RSF) et ses partenaires internationaux publient, dans un nouveau rapport conjoint, une analyse détaillée de la détérioration du droit à l’information ces dernières années en Grèce. La République hellénique occupant le dernier rang des pays de l’Union européenne dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2023, RSF appelle les institutions européennes à mettre la pression sur les autorités grecques, démobilisées jusqu’à présent, pour qu’elles protègent les journalistes et renforcent le pluralisme dans le secteur.
Contrer la vague de déclin de la liberté de la presse en Grèce (Stemming the tide of Greek media freedom decline) est le titre du rapport détaillé publié par RSF avec Media Freedom Rapid Response et le Comité pour la protection des journalistes, à la suite de leur mission commune dans le pays en septembre 2023. Présenté lors d’un webinaire le 30 janvier dernier, le rapport analyse les raisons sous-jacentes de la détérioration de la liberté de la presse ces dernières années et délivre des recommandations à l’attention des autorités nationales et européennes.
Les quatre plaies du journalisme grec pointés par le rapport sont :
- la surveillance arbitraire d’au moins 13 professionnels des médias par l’Agence nationale de renseignement grec, à l’aide du logiciel espion Predator ;
- les procédures-bâillons et les menaces judiciaires, notamment dans le contexte des poursuites pour diffamation engagées contre les journalistes ayant fait des révélations sur le Predatorgate ;
- les menaces à la sécurité des journalistes et l’impunité des crimes commis contre eux, et en particulier l’assassinat de Giorgos Karaïvaz en 2021 ;
- le manque de pluralisme médiatique et d’indépendance.
“Le rapport détaillé fait état de la situation critique de la liberté de la presse en Grèce, mais aussi de l’absence de mesures nationales pour y remédier. Alors que nous adressons des demandes spécifiques aux autorités grecques, nous attendons désormais des institutions européennes qu’elles prennent des mesures beaucoup plus fortes. La Commission européenne, le Parlement européen et l’agence européenne de police criminelle Europol doivent travailler avec la Grèce afin de rendre justice sur les crimes commis contre les journalistes, de les protéger contre la surveillance arbitraire, les agressions physiques et les procédures-bâillons, ainsi que de renforcer le pluralisme dans le secteur. Si la Grèce ne s’y conforme pas, les discussions sur la suspension de ses fonds européens ne devraient plus être un tabou.
Le rapport sera soumis aux députés européens avant le vote de la résolution sur la liberté de la presse en Grèce, prévu le 7 février prochain.
La Grèce occupe le 107e rang sur 180 pays – et le dernier des pays de l’UE – au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.
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