RSF et EuroMed dénoncent les interdictions de voyage d’Israël contre les journalistes palestiniens
Des dizaines de journalistes palestiniens sont empêchés de quitter la Cisjordanie par les autorités israéliennes, dont la lauréate du prix RSF 2021 de l'Indépendance, Majdoleen Hassona. Reporters sans frontières (RSF) et l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'Homme (EuroMed) condamnent cette pratique liberticide et appellent à la levée immédiate de ces restrictions.
Elle en est l'illustration parfaite : la journaliste palestinienne Majdoleen Hassona, lauréate du prix RSF 2021 de l'indépendance, est bloquée par les autorités israéliennes qui contrôlent les frontières extérieures des territoires palestiniens. La reporter n'a aucune possibilité de récupérer sa récompense en main propre, ni même de retourner en Turquie, où elle était initialement basée. Cela dure depuis maintenant deux ans et elle n’est pas seule dans ce cas. Comme le montre un rapport de l’Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme (EuroMed), publié lundi 29 novembre, "des dizaines" de journalistes palestiniens subissent des interdictions de quitter le territoire imposées par les autorités israéliennes, ce qui les empêche de se déplacer à l'étranger et d’exercer leur métier librement. Selon des informations recueillies par RSF, le nombre total de journalistes touchés par cette restriction s’élèverait même à plus de 20. Au moins 21 reporters se trouveraient concernés à l'heure actuelle.
Pour beaucoup, les motifs de ces interdictions ne sont pas fournis. Contactée par RSF, l'administration israélienne dans les territoires occupés a simplement justifié le blocage de Majdoleen Hassona par des “raisons de sécurité”, sans plus de précisions.
“Les interdictions de sortie du territoire émises par les autorités israéliennes à l'encontre des journalistes palestiniens sont des violations claires à leur liberté de circulation, déclare la responsable du bureau Moyen-Orient de RSF, Sabrina Bennoui. Les renseignements israéliens et la justice s'abritent toujours derrière des 'dossiers confidentiels' pour ne pas avoir à fournir de motif et maintenir ces restrictions indéfiniment dans l'arbitraire le plus total.”
“Les journalistes ne sont pas partie prenante dans le conflit et leur couverture des événements actuels n’est pas un crime pour lequel ils devraient être punis, rappelle pour sa part la responsable des médias d’EuroMed, Nour Olwan. L’application de telles politiques par les autorités israéliennes représente un recul pour la liberté d’expression et le travail journalistique.”
Pour de nombreux journalistes, l'interdiction court depuis plusieurs années : Nawaf Al-Amer, directeur des programmes publics pour la chaîne de télévision Al-Quds al-Arabi, est contraint de rester sur le territoire palestinien depuis 1983, pour des “raisons de sécurité”, sur la base d’une arrestation antérieure.
Ces restrictions sont épuisantes moralement et poussent les journalistes à se résigner, comme Sami Abu Salem, contacté par RSF. Bloqué à Gaza depuis 2016, il a demandé plusieurs fois, en vain, à se rendre en Cisjordanie, notamment pour participer aux réunions du conseil d’administration de l’agence Wafa pour laquelle il travaille.
Israël et la Palestine occupent respectivement les 86e et 132e places au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.