RSF encourage le gouvernement gambien à soutenir l’ouverture des médias
Depuis l’investiture du président Adama Barrow il y a un an, la presse gambienne connaît un essor fulgurant et une ouverture sans précédent. Des lois liberticides sur la presse restent toutefois en vigueur. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités d’entreprendre au plus vite toutes les réformes nécessaires pour développer un environnement propice à la liberté de la presse.
A l’occasion du 53ème anniversaire de l’indépendance de la Gambie et du 1er anniversaire de son investiture, le président Adama Barrow a évoqué ce 18 février les réformes que son gouvernement avait commencé à mettre en oeuvre pour libéraliser les médias. Le chef de l’Etat gambien a notamment annoncé la création d’un comité de révision de la loi sur l’information pour passer en revue les lois existantes, élaborer un nouveau projet de loi sur les médias et amender la constitution pour y faire figurer la liberté d’expression.
Cette déclaration vient confirmer le récent engagement du ministre de l’Information, Demba Ali Jawo, à réformer les lois liberticides du régime de Yahya Jammeh (1994-2017) et confirme qu’un air nouveau souffle sur le pays, après plus de vingt ans de dictature et de terreur médiatique. Depuis un an, une trentaine de journalistes exilés sont revenus en Gambie. Aucun journaliste n’a été arrêté ou placé en détention. La première chaîne de télévision privée QTV a vu le jour. La radio et télévision nationales gambiennes (GRTS) a perdu son monopole sur les ondes au profit de seize radios commerciales et communautaires qui diffusent dorénavant des programmes d’informations et des débats politiques en langues locales. Certains journaux sont passés d’une publication hebdomadaire à une publication quotidienne à l’instar de The Voice.
“RSF salue la volonté du gouvernement gambien d’oeuvrer à la libéralisation de l’espace médiatique et au pluralisme. Mais il y urgence à accélérer ce processus de réforme, alerte RSF. Les médias ont trop longtemps été bâillonnés par la dictature de Yahya Jammeh. La révision des lois répressives sur la presse doit se faire dans les plus brefs délais pour garantir aux journalistes une sécurité juridique et leur permettre d’informer librement sans craintes de représailles”.
Saikou Jammeh, le secrétaire général du Syndicat de la presse gambienne (Gambia Press Union, GPU), rappelle que la révision des lois sur les médias doit se faire conformément aux normes internationales. Le 14 février 2018, la Cour de Justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a recommandé au gouvernement gambien d’abroger les lois relatives à la sédition, la diffamation criminelle, la publication de fausses informations sur Internet et la publication et la diffusion de fausses informations. Ces lois avaient poussé quatre journalistes à fuir de la Gambie dont deux avaient été préalablement soumis à la torture par les services de renseignements gambiens (National Intelligence Agency).
Le régime de l’ancien président Yahya Jammeh a été marqué par 23 années de terreur : censure, arrestations abusives, détentions arbitraires, meurtre impuni du journaliste Dayda Hydara et fuite en exil pour près de 110 journalistes.
La Gambie occupe la 143e place sur 180 dans le Classement 2017 de la liberté de la presse établi par RSF.