RSF demande la mise en place rapide d’un mécanisme efficace de protection des journalistes

A un mois seulement de la Coupe du monde de football, Reporters sans frontières rappelle l’urgence de mettre en place un mécanisme de protection pour les journalistes. Le groupe de travail créé par le ministère de la Justice en 2012 afin de déterminer un plan d’action pour étendre l’actuel mécanisme de protection pour les droits de l’homme aux journalistes a émis ses recommandations en mars dernier, un mois après le décès de Santiago Ilídio Andrade, cameraman de Bandeirantes tombé sous la violence des soulèvements du 6 février 2014 à Rio de Janeiro. Le 17 mars 2014, Reporters sans frontières adressait une lettre au ministre de la justice José Eduardo Cardozo, encourageant les projets d’élaboration de lois pour garantir la protection des journalistes, dans l’espoir de les voir se concrétiser par des mesures efficaces et rapides. L’organisation soutient les conclusions du groupe de travail, auquel participaient l’Association brésilienne du journalisme d’investigation (ABRAJI), des ONG et plusieurs membres du gouvernement, qui soulignaient le besoin d’une protection des professionnels de l’information en toutes circonstances. Cette nécessité a aussi été mise en avant dans le rapport annuel de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme présenté le 24 avril dernier. “Nous espérons la mise en place rapide de mesures concrètes sur la base des recommandations émises par le groupe de travail”, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. “Dans le cadre de la Coupe du monde de football, le Brésil s’apprête à accueillir un grand nombre de professionnels de l’information prêts à couvrir les événements sportifs mais aussi les questions sociales du pays. Les autorités doivent impérativement prendre les mesures qui s’imposent pour garantir l’intégrité et la sécurité physique et professionnelle des journalistes”. Une résolution adoptée le 28 mars dernier par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, reconnaît l’importance des journalistes dans la couverture de manifestations, qui sont le théâtre de nombreuses exactions. Au 8 avril dernier, ABRAJI recensait 107 agressions délibérées envers les professionnels de l’information depuis le début des mouvements de protestation en mai 2013, et ce chiffre est en constante augmentation. Cependant, de nombreux journalistes sont agressés dans des contextes différents : cinq d'entre eux ont été assassinés en lien avec leur profession en 2013. Cláudio Moleiro de Souza, José Roberto Ornelas de Lemos, Walgney Assis Carvalho, Rodrigo Neto de Faria, et Mafaldo Bezzera Goes ont été sommairement abattus par balles dans la rue, près de chez eux ou de leur lieu de travail parce qu'ils enquêtaient sur la corruption ou le crime organisé. Le dernier en date, Pedro Palma, assassiné le 14 janvier 2014, amène à deux le nombre de journalistes tués en lien avec leur profession cette année. Il était directeur d’un hebdomadaire qui exposait des affaires de corruption impliquant des élus préfectoraux de la région de Rio. Le Brésil figure à la 111e position sur 180 pays dans l’édition 2014 du Classement mondial de la liberté de la presse. Reporters sans frontières rappelle aux journalistes ayant l’intention de se rendre au Brésil que l’organisation a élaboré, en partenariat avec l’Unesco, un Guide pratique du journaliste. Ce manuel rappelle les normes juridiques internationales protégeant la liberté de la presse et dispense des conseils pratiques pour éviter les pièges du "terrain". Photo: portalodia.com
Slideshow: correiobrasilense.com.br
Publié le
Updated on 16.10.2016