RSF demande à ByteDance des explications claires et circonstanciées sur la surveillance de journalistes intentée par une de ses équipes
Trois semaines après les révélations sur la surveillance de journalistes par une équipe de l’entreprise chinoise ByteDance, qui dirige TikTok, Reporters sans frontières (RSF) n’est toujours pas convaincue par sa réponse et demande des explications claires, publiques et détaillées sur ces faits extrêmement graves.
ByteDance, maison mère de l’application TikTok, reste avare d’explications sur les cas de journalistes espionnés par une de ses équipes, comme l’avait révélé, fin décembre, le quotidien britannique Financial Times et le magazine économique américain Forbes. Contactée par RSF, Tiktok assure que ces actions sont le fait de “la mauvaise conduite de certaines personnes” ayant abusé de leur “autorité pour accéder aux données des utilisateurs” et qu’elles ne sont plus des employés de ByteDance. Et l’entreprise chinoise de se montrer rassurante en affirmant qu’elle prend “la sécurité des données très au sérieux” et qu’elle s’engage à améliorer les protocoles d’accès à ces donnés, lesquels auraient déjà été “considérablement perfectionnés et renforcés depuis cet incident” - sans en donner plus de détails ou de preuves.
"Des faits extrêmement graves d’espionnage de journalistes ont été reconnus par ByteDance, qui assure avoir pris des mesures sans les préciser, s’inquiète le responsable du bureau technologies de RSF, Vincent Berthier. Il ne suffit pas de reconnaître un tort pour le corriger : ByteDance doit communiquer précisément le résultat de son enquête interne sur les points qui ont fait défaut. Des détails sur les mesures prises pour corriger définitivement ce problème doivent être données.”
Le voyage, la semaine dernière, du PDG de TikTok Shou Zi Chew en Europe, où il devait notamment rencontrer la vice-présidente exécutive de la Commission européenne Margrethe Vestager, en charge des médias et des télécommunications, et la vice-présidente Věra Jourová, en charge de la transparence et des valeurs, laissait pourtant présager des explications plus claires et une mise au point ferme de la part des commissaires européens attachés à la protection des données. Or il n’en fut rien. Aucune grande annonce publique n’a été faite en ce sens, et rien pour l'instant ne permet de restaurer a confiance des journalistes qui se servent de la plateforme
Au moins quatre journalistes, dont Cristina Criddle, du Financial Times et trois anciens journalistes du service tech de BuzzFeed, Emily Baker-White, Katharine Schwab et Richard Nieva ont fait l’objet de surveillance, via leur données de géolocalisation et leur adresses IP auxquelles ont eu accès les employés de ByteDance.