Reporters sans frontières (RSF) dénonce la vague de répressions contre les net-citoyens et les médias indépendants au Koweït. La cour d'appel a confirmé, le 18 février 2015, la fermeture du quotidien Al-Watan, et a alourdi la peine d'un net-citoyen de quatre à six ans de prison ferme.
Début janvier, le journal
Al-Watan a perdu son autorisation de publication. Le ministère du Commerce et de l'Industrie a argué que «le journal ne remplissait pas les exigences légales minimales en terme de capitalisation», et s’est appuyé sur une loi qui stipule que « la licence commerciale des sociétés perdant plus de 75% de leur capital doit être révoquée». Dans la foulée, le ministère de l'Information a également retiré la licence de publication accordée à
Al-Watan .
“Le tribunal a rejeté notre recours contre la décision des ministères du Commerce et de l'Information de retirer à
Al-Watan ses licences", a déclaré le 18 février, Rached al-Radaane, l'avocat du journal.
Al-Watan est l'un des principaux titres de la presse koweïtienne, très critique envers le gouvernement. Le 20 avril 2014, le journal
avait déjà été suspendu pour avoir bravé une interdiction imposée deux mois plus tôt
de publier toute information relative à la préparation d’un éventuel coup d’État au Koweït.
Peine aggravée pour le net-citoyen Saleh al-Saïd
Le 18 février,
Saleh al-Saïd, un net-citoyen koweïtien a vu sa peine passer de quatre à six ans de prison en appel. Le blogueur avait été condamné en décembre à quatre ans de prison par un tribunal de première instance pour avoir posté sur Twitter des commentaires accusant l'Arabie saoudite de grignoter des territoires au Koweït et au Bahreïn.
Les autorités koweïtiennes ont arrêté en janvier plusieurs net-citoyens pour des commentaires jugés offensants envers le roi Abdallah décédé fin janvier. Aucun d'eux n'a été déféré devant la justice. Pendant ce temps, le Conseil des droits de l’homme a dénoncé,
dans un rapport accablant, la situation des droits de l'homme dans le pays. Dans ce rapport sur la justice du pays, rédigé par le Groupe de travail sur l’Examen périodique universel publié le 30 janvier 2015, le Comité des droits de l’homme a recommandé au Koweït de “garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire en réformant les mécanismes de nomination, de promotion et d’évaluation des juges et en supprimant toute dépendance du Conseil supérieur de la magistrature à l’égard du ministère de la Justice”.
Concernant la liberté d'information et d’expression, le Comité des droits de l’homme s’est dit “préoccupé par les restrictions excessives à la liberté d’expression prévues dans la loi sur la presse et les publications et dans les lois connexes, notamment l’interdiction de toute critique légitime visant les membres du gouvernement et autres personnalités publiques, et par les allégations faisant état d’arrestations arbitraires, de placement en détention, de jugement et d’expulsion de personnes ayant exercé leur liberté d’opinion et d’expression dans les médias et sur Internet”. Le comité a recommandé à l’État de revoir sa loi sur la presse et les publications en vue de “garantir pleinement la liberté d’opinion et d’expression, de protéger le pluralisme des médias et de dépénaliser la diffamation.”
Le Koweït est classé 90e sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2015 de Reporters sans frontières.
Lire : Contribution de Reporters sans frontières à la 21e session - Examen périodique universel Janvier-février 2015