Dans une lettre adressée à Leonid Koutchma, président d'Ukraine, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre les atteintes à la liberté de la presse régionale indépendante liées aux élections législatives du 31 mars 2002.
mise à jour - 13 mars 2002
Dans la nuit du 13 mars, une voiture de la chaîne de télévision Canal 5 de Nikopol a été incendiée au cocktail molotov. Des inconnus ont, par ailleurs, paralysé le travail de la radio Nikopolskie Vedomosti, appartenant au même groupe de presse, en coupant ses câbles électriques.
Dans une lettre adressée à Leonid Koutchma, président d'Ukraine, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre les atteintes à la liberté de la presse régionale indépendante liées aux élections législatives du 31 mars 2002.
"Les administrations locales, en particulier à Marioupol et Nikopol, empêchent les citoyens ukrainiens d'avoir accès à des informations objectives sur les élections et s'en prennent aux médias qui osent donner la parole aux candidats d'opposition", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. "Nous vous demandons d'intervenir pour garantir à la presse régionale indépendante la possibilité de travailler dans de bonnes conditions et d'offrir aux citoyens ukrainiens un accès libre à des informations objectives en période électorale", a ajouté Robert Ménard.
D'après les informations recueillies par RSF, l'antenne de la radio Nostalgie à Marioupol (sud du pays) a été coupée, du 4 au 6 février, à l'occasion d'une réparation de son support, réalisée à cette date sans motif valable. Seule l'antenne de Nostalgie a été enlevée du support, qui accueille par ailleurs d'autres antennes de télévision et de radio.
Le 28 février dernier, Nostalgie avait diffusé une interview de Viktor Iouchtchenko, ex-Premier ministre et leader de la coalition
"Nasha Ukraina", principal rival des forces proprésidentielles aux élections législatives du 31 mars. Le 4 février, quarante personnes ont manifesté à Marioupol pour protester contre la suspension de Nostalgie. Le 5 février, Sergiy Elistratov, le rédacteur en chef de cette radio, s'est adressé officiellement aux services secrets (SBU) et au parquet Jovtneva de la ville, mais n'a reçu aucune réponse.
Le 15 février, 40 000 exemplaires d'un numéro spécial du journal Azovskie Novosti à Marioupol ont été confisqués par des inconnus dans les dépôts de l'entreprise Oftek. Le numéro confisqué contenait un article sur la suspension de la radio Nostalgie et un compte rendu du séjour à Marioupol du candidat Victor Iouchtchenko. Le 1er mars, le parquet local a lancé un enquête pour "disparition de biens communs" et non pour entrave à l'exercice du journalisme comme le permet l'article 171 du nouveau code pénal.
Le 4 mars, des inspecteurs ont endommagé du matériel permettant la diffusion des images de Canal 5, chaîne de télévision privée de Nikopol (est du pays). Des forces de l'ordre ont été déployées devant l'émetteur après des protestations du personnel. Kostiantyn Liachtchenko, le directeur de la télévision, explique cette suspension par la diffusion, le 28 février, d'une émission avec le candidat Victor Ioutchtchenko. Le 5 mars, la chaîne de télévision nationale STB a commencé à diffuser sur la fréquence de Canal 5. Le 17 janvier, le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait réattribué la licence de Canal 5 à STB sans consulter Canal 5, qui avait porté plainte et avait donc le droit de poursuivre ses activités en attendant le verdict du tribunal.
Le 4 mars, tous les imprimeurs ont refusé d'imprimer le journal Nikopolskie izvestia appartenant au groupe de presse Canal 5, empêchant sa publication.
Le 9 mars, un millier de personnes ont manifesté à Nikopol pour demander le rétablissement des conditions normales de travail de la chaîne Canal 5 et du journal Nikopolskie izvestia. Les manifestant ont décidé de porter plainte le 11 mars, au nom de Vadim Katin, président du groupe de presse Canal 5, contre le pouvoir local qui empêche les journalistes d'effectuer leur travail.