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Ce jugement est disproportionné et porte gravement atteinte à la liberté de la presse, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique à Reporters sans frontières.
Cela démontre le manque de volonté des autorités birmanes d’abandonner les législations répressives instaurées par la junte militaire et d’utiliser la nouvelle loi plus respectueuse de la liberté d’information.”
L’un des journalistes condamnés
Kyaw Zaw Hein a déclaré à la fin du procès que ce verdict était “
totalement injuste et (que) si le pays veut devenir une démocratie, il se doit de garantir la liberté de la presse”. L’avocat des journalistes prévoit déjà de faire appel de cette décision.
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Charges retenues (publié le 5 août 2014)
L’équipe du Bi Mon Te Nay n’encoure “plus que” deux ans de prison pour une Une erronée
La cour de Padeban a indiqué, le 4 août 2014, retenir des charges criminelles contre l’équipe de l’hebdomadaire Bi Mon Te Nay, et abandonner la loi d’urgence au profit du code pénal. Les accusés risquent désormais deux ans d’emprisonnement pour une Une erronée traitant de la prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi.
La justice birmane est-elle en train de se rendre compte de ses dérives? La décision rendue, le 4 août 2014, par la cour de la ville de Padeban (Rangoun, Sud) de poursuivre les membres de
Bi Mon Te Nay en vertu du code pénal et non plus de la loi d’urgence peut en être un signe. Le journaliste
Kyaw Zaw Hein, les rédacteurs en chef
Win Tin,
Thura Aung et les éditeurs
Yin Min Htun et
Kyaw Min Khine ne risquent désormais “plus que” deux ans de prison pour avoir publié,
le 7 juillet dernier, une Une annonçant Aung San Suu Kyi à la tête d’un gouvernement intérimaire. Les charges pesant contre le troisième rédacteur,
Ye Ming Aung, ont été levées faute de preuves. Sa libération a donc été demandée par le juge.
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Cette décision de la cour de Padeban prouve à quel point les accusations pesant contre l’équipe du Bi Mon Te Nay sont ténues. Ye Ming Aung est déjà la deuxième personne à avoir été innocentée faute de preuve, et la cour a reconnu la disproportion des moyens engagés en ne retenant pas la loi d’urgence, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
Elle doit désormais faire un pas supplémentaire vers la protection de la liberté d’information en abandonnant toutes les charges qui pèsent contre le reste de l’équipe. La Cour doit par ailleurs s’en remettre au Conseil de la presse pour régler cette affaire”.
L’équipe sera désormais jugée en vertu de l’article 505 (b) du code pénal qui traite de la diffamation de l’Etat: “Quiconque publie une déclaration (...) avec l’intention de causer (...) la peur, ou l’inquiétude parmi une partie, ou toute la population (...) doit être puni d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à deux ans, ou d’une amende, ou des deux”. Tout comme la loi d’urgence, cet article a également été largement utilisé du temps de la junte militaire pour réprimer les dissidents.
L’équipe du
Bi Mon Te Nay avait déjà été convoquée le 22 juillet dernier en audience préliminaire. Leur arrestation courant juillet avait été concomitante à la
condamnation à dix ans de prison de cinq journalistes d’Unity pour violation des secrets d’Etat. Face à cette répression croissante des médias, le président Thein Sein a tenu à
rassurer les membres du Conseil de la presse affirmant qu’il privilégierait la médiation en cas d’éventuel problème.
La Birmanie se positionne à la 145e place sur 180 pays dans le
Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.
Photo:
DVB