RSF dénonce l’usage de balles réelles par la police israélienne après qu’un journaliste palestinien a perdu l’usage de son oeil
Un journaliste palestinien a été blessé lors de la couverture d’un rassemblement en Cisjordanie par des tirs des forces de sécurité israéliennes. Reporters sans frontières (RSF) dénonce des pratiques de dispersion qui exposent directement les journalistes sur le terrain.
Le photographe indépendant Moath Amarnih couvrait un rassemblement à Surif, dans la région palestinienne d’Hébron - territoire occupé par Israël. Il était clairement identifiable comme journaliste avec son casque et son gilet barré de la mention “Press”. Alors que la police des frontières israélienne dispersait les manifestants, il a reçu des éclats de balle dans l’oeil gauche, lui en faisant perdre l’usage.
Selon des informations recueillies par le site internet +972 Magazine, média à but non lucratif géré par des journalistes israéliens et palestiniens opposés à l’occupation israélienne, les officiers de police ont utilisé des fusils Ruger avec des balles de calibre 22, surnommées “two-two”. Ce type de munition sont des balles réelles dont l’impact provoque moins de dégâts que des balles ordinaires, elles peuvent être cependant létales et causer de très graves blessures. Selon les témoins, dans le cas de Moath Amarnih, la balle tirée a heurté un objet avant d’exploser. Des éclats ont alors atteint le journaliste, qui se tenait à environ 150 mètres des policiers.
“Considérée comme non-létale par les autorités israéliennes, le type d’armes et de munitions utilisées pour disperser les manifestants provoque de toute évidence des blessures irréversibles et expose les journalistes à des risques inacceptables, déplore Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF). Les autorités israéliennes doivent ouvrir une enquête pour faire toute la lumière sur cet incident grave et tirer les conséquences d’un usage d’armes contre des civils, non conforme aux régulations internationales.”
La police israélienne se défend d’avoir ciblé les journalistes. Dans un communiqué, elle explique que “les forces (de police), qui faisaient face à des dizaines de manifestants - parmi lesquels certains ayant le visage caché qui leur lançaient des pierres et des pneus enflammés - ont eu recours aux moyens de dispersion des manifestants en accord avec les régulations et les autorisations nécessaires”. La police précise faire tout son “possible pour empêcher que des personnes innocentes soient blessées” et conseille aux photographes d’éviter d’approcher “les endroits qui pourraient les mettre en danger.”
Selon des informations recueillies par RSF, les médecins de l’hôpital de Jérusalem où le journaliste est soigné s’inquiètent des éclats restés logés dans un endroit sensible de son oeil et restent prudents avant toute intervention chirurgicale car le cerveau pourrait être touché.
Moath Amarnih est le deuxième journaliste à avoir perdu l’usage de son oeil cette année, après le photographe d’Al-Aqsa TV, Sami Misran, blessé en juillet dans la bande de Gaza alors qu’il filmait une manifestation.
Israël occupe la 88e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.