RSF dénonce des attaques en série contre des journalistes : trois enlèvements et quatre blessés par balle en dix jours au Mexique
Après l’enlèvement de trois journalistes dans l’Etat du Guerrero la semaine dernière, ce sont trois autres professionnels de l’information, Oscar Guerrero, Víctor Mateo et Jesús de la Cruz, qui ont été attaqués par des hommes armés, alors qu’ils rentraient de reportage. Quelques heures plus tard, le journaliste Maynor Ramón Ramírez Arroyo a également été victime d’une tentative d’assassinat dans le Michoacán.
Une nouvelle journée inquiétante pour le journalisme au Mexique. Ce 28 novembre, les journalistes Víctor Mateo, du site d’actualités locales Ahora Guerrero, Oscar Guerrero de Primer Plano, et Jesús de la Cruz du Diario Objetivo ont été la cible d'une attaque armée à Chilpancingo, capitale de l'Etat du Guerrero. Ils rentraient, ensemble, d’un reportage sur un meurtre qui avait eu lieu dans la matinée. Et un quatrième journaliste d'un média local, qui souhaite conserver l'anonymat par sécurité, s'en est sorti indemne.
Selon les informations recueillies par RSF, les hommes armés non-identifiés ont ouvert le feu sur la voiture dans laquelle les journalistes se trouvaient, en plein jour, à proximité d'un bataillon militaire. Les trois professionnels de l’information ont été secourus et transportés à l'hôpital. Ils sont soignés pour des blessures par balle au bras, à la mâchoire et à la poitrine. Selon les dernières informations de RSF, leur état de santé est stable.
Environ huit heures plus tard, le journaliste du quotidien ABC de Michoacán, Maynor Ramón Ramírez Arroyo, a lui aussi été victime d'une attaque par balle, cette fois à Apatzingán, dans l'État de Michoacán. Le journaliste se trouvait à proximité d'un magasin, dont il est également propriétaire, lorsqu'il a été la cible de tirs. Il a été transporté à l’hôpital. Il avait déjà été victime d’une attaque armée en 2016, et avait reçu une balle dans la tête.
La semaine dernière, les journalistes Silvia Nayssa Acre, Alberto Sanchez et Marco Antonio Toledo avaient été enlevés à trois jours d’intervalle lors de raids d’hommes armés à Taxco, dans l’État du Guerrero. Ils ont tous été libérés samedi dernier.
RSF demande aux autorités des États de Guerrero et de Michoacán d'enquêter sur ces graves incidents et de garantir la sécurité des journalistes et de leurs familles. RSF demande également au Mécanisme fédéral de protection des défenseurs des droits de l'homme et des journalistes d'assurer un suivi urgent de ces affaires. Les attaques en série qui ont eu lieu, en seulement dix jours, illustrent clairement pourquoi le Mexique est aujourd'hui le pays le plus dangereux au monde pour exercer le journalisme en dehors des zones de conflit. Les stratégies pour combattre la violence alarmante contre la presse, qui restent la plupart du temps impunies, doivent occuper une place centrale dans les programmes de gouvernement des candidats à la présidence du Mexique en juin 2024.
Les quatre journalistes agressés cette semaine couvraient principalement les questions de criminalité et de sécurité publique. Ces sujets, connus au Mexique sous le nom de "nota roja" ou "policiaca", sont souvent parmi ceux que couvrent les journalistes pris pour cibles.