RSF débloque deux nouveaux sites
Le 12 mars dernier, à l'occasion de la journée mondiale contre la censure en ligne, Reporters sans frontières (RSF) a lancé l’opération Collateral Freedom et débloqué des sites censurés dans 11 pays. L'organisation rend accessible aujourd'hui deux nouveaux sites : l'association des journalistes vietnamiens indépendants, Vietnam Thoi Bao, bloqué au Vietnam, et Chroniques du Turkménistan, bloqué au Turkménistan.
Deux nouveaux sites débloqués
Après avoir débloqué 9 sites censurés dans 11 pays, RSF poursuit l’opération CollateralFreedom et débloque deux nouveaux sites : Vietnam Thoi Bao (Vietnam Times) et Chroniques du Turkménistan. Vietnam Thoi Bao (Vietnam Times) est le site de l'Association des journalistes vietnamiens indépendant (IJAVN). Vietnam Thoi Bao a fait sienne la devise “l’esprit critique” et traite de sujets liés aux droits de l’homme, à la démocratie, à la politique et à l’économie. Créé en juillet 2014, le site a été bloqué trois jours après sa mise en ligne. Le journaliste Pham Chi Dung, président de l’IJAVN et rédacteur en chef du Vietnam Times fait partie de la liste des "100 Héros de l'information” de RSF. Le site miroir est accessible ici : https://d1s66ldlhegqs2.cloudfront.netChroniques du Turkménistan (Хроника Туркменистана), créé en 2006, est le portail d’information de l’organisation “Initiative turkmène de défense des droits de l’homme”. Dans un pays où les médias sont contrôlés d’une main de fer par le pouvoir, Chroniques du Turkménistan représente l’une des rares sources d’information indépendante. Très critique du pouvoir en place, le média fait l’objet de nombreuses pressions. Le site est bloqué au Turkménistan depuis 2007. Le site miroir est accessible ici : https://ctm1.global.ssl.fastly.net/
Collateral Freedom : un premier bilan
Depuis le 12 mars, lancement de Collateral Freedom, les serveurs de Reporters sans frontières ont absorbés plus de 24 millions de requêtes et servi plus de 200 Gigabytes de données. Les premiers jours, le succès de l'opération a contraint l’organisation à faire évoluer les capacités des serveurs pour absorber l'afflux massif de trafic. Depuis, RSF a créé d'autres miroirs et utilise de nouveaux services d'hébergement. L’organisation se ménage ainsi la possibilité de diffuser une nouvelle adresse si un pays prenait la décision de bloquer l’intégralité d’un services (Fastly, Amazon, Microsoft, Google, etc.). La liste des miroirs et services utilisés est mise à jour régulièrement sur github.com.La censure en Chine : Après la Grande Muraille, le Grand canon
Collateral Freedom n'aura jamais aussi bien porté son nom : quelques jours après le début de l’opération, les autorités chinoises ont bloqué l'intégralité du service utilisé par RSF : Fastly. De nombreux clients de la société ont été affectés. Au lieu de reconsidérer l’opportunité de compter RSF parmi ceux-ci, Fastly a apporté son soutien et offre à RSF une partie de la bande passante nécessaire à l’opération. L’organisation GreatFire.org, qui a conçu les outils utilisés par RSF lors de cette opération, a quant à lui été la cible d'attaques massives dès le 17 mars. Le site GitHub, qui héberge les outils de GreatFire, a été attaqué quelques jours plus tard, le 26 mars. La société a décrit cette attaque comme l’une des "plus importantes de toute l'histoire du site". Après quelques jours de recherche, GreatFire a identifié l’auteur des attaques : les autorités chinoises.En nous appuyant sur les preuves informatiques fournies ici et sur les recherches détaillées effectuées sur les attaques ciblant Github, nous pouvons conclure avec certitude que le département de l'administration du cyberespace de Chine Cyberspace Administration of China (CAC) est responsable de ces attaques.Ces affirmations ont été corroborées par le Citizen Lab, un institut de recherche canadien spécialisé dans les attaques informatique. Dans un rapport publié le 10 avril, celui-ci a mis au jour l’outil utilisé par les autorités chinoises : le “Grand canon”. En plus de la grande muraille électronique, qui impose une censure implacable sur le réseau chinois, la Chine dispose également d’outils offensifs permettant d’attaquer et de rendre indisponibles des sites en-dehors de leur territoire.