RSF appelle la présidente slovaque à rejeter la réforme du code de la presse en matière de droit de réponse des hommes politiques
Le parlement slovaque vient d’adopter une loi qui amende le Code de la presse et permet désormais aux politiciens qui affirment que leur honneur ou leur réputation ont été ternis dans les médias, d’obtenir un droit de réponse. Reporters sans frontières (RSF) demande à la présidente slovaque de ne pas signer ces amendements.
L’ex-Premier ministre slovaque Robert Fico, forcé de démissionner dans la foulée de l'assassinat du journaliste d’investigation Jan Kuciak en février de la même année, avait déclaré une guerre ouverte à la profession. Et pour doter son parti, le Smer-SD, d’un outil efficace contre la “terreur médiatique”, il les menaçait de réformer le Code de la presse.
La menace est en passe de devenir réalité : le parlement slovaque a entériné ce mardi 17 septembre les amendements controversés et étendu le champ du droit de réponse des responsables politiques qui estiment que leur honneur ou leur réputation ont été ternis. Il ne manque plus que l’approbation de la nouvelle présidente, Zuzana Čaputová.
“RSF appelle la présidente slovaque à user de son pouvoir de véto et à rejeter un texte qui fait craindre des dérives, déclare Pauline Adès-Mével, responsable de la zone Union européenne-Balkans de RSF. Il est capital, au moment où les médias continuent de révéler des informations sur le meurtre de Ján Kuciak susceptibles d’ébranler des responsables politiques, qu'aucun d'entre eux ne puisse entraver la liberté d’informer.”
L'élection en mars dernier à la tête du pays d’une avocate pourfendeuse des oligarques corrompus a fait naître l’espoir que les élites politiques modèrent leur traitement de l’information et des journalistes en Slovaquie, qui occupe aujourd'hui le 35e rang au Classement mondial de la liberté de la presse 2019 de RSF, après avoir perdu 18 places en deux ans.