RSF appelle la Chine à cesser de censurer l’information sur l’épidémie de coronavirus
Reporters sans frontières (RSF) appelle Pékin à cesser d’entraver le travail des journalistes enquêtant sur l’épidémie de coronavirus et rappelle que seule une complète transparence permettra d’éviter la diffusion de rumeurs aggravant la crise.
Alors que le coronavirus continue de se répandre avec déjà près de 2 600 morts et près de 80 000 personnes infectées, principalement en Chine, le régime de Pékin persiste à vouloir censurer certaines informations relatives à l’épidémie. Au début du mois, les autorités ont ainsi arrêté deux journalistes qui couvraient la crise, Chen Qiushi et Fang Bin. Elles ont aussi placé en détention deux commentateurs politiques, Guo Quan et Xu Zhiyong, et mis en résidence surveillée un troisième, Xu Zhangrun.
Ces dernières semaines, Pékin a aussi transmis aux médias des instructions les enjoignant de couvrir l’héroïsme des sauveteurs plutôt que les souffrances de la population ou l’insuffisance des mesures prises par l’administration. Les autorités ont enfin mis un tour de vis conséquent sur les réseaux sociaux et les groupes de discussion où certains journalistes et blogueurs s’étaient risqués à publier des reportages indépendants, et où un grand nombre d’internautes n’hésitaient plus à exprimer leur colère et à réclamer la fin de la censure.
Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités chinoises à libérer immédiatement les journalistes et commentateurs détenus, et à laisser la presse faire son travail d’information sans entrave.
« La censure est clairement contre-productive dans la lutte contre une épidémie et ne peut que contribuer à son aggravation, voire sa transformation en pandémie, met en garde Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF). « Seule une complète transparence permettra à la Chine de minimiser la diffusion de fausses rumeurs et de convaincre la population de suivre les consignes d’hygiène et de sécurité préconisées pour endiguer l’épidémie. »
Le régime de Pékin est très critiqué, en Chine comme à l’étranger, pour sa gestion opaque et bureaucratique de la crise du coronavirus. Fin janvier, la Cour populaire suprême, plus haute juridiction chinoise, a ainsi reconnu dans un article publié sur son compte WeChat que l’arrestation le 1er janvier de huit médecins lanceurs d’alerte accusés de « propager des rumeurs », dont le docteur Li Wenliang, décédé cinq jours après des suites du virus, pouvait avoir contribué à retarder la mise en place de mesures adéquates pour lutter contre l’épidémie.
Le président Xi Jinping lui-même est sous le feu des critiques pour avoir attendu trois semaines après le premier cas documenté pour alerter l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et plus de six semaines avant d’appeler à la mobilisation, à la veille des vacances du Nouvel An Chinois. Le fait que les médias chinois sont étroitement contrôlés par le Parti communiste chinois (PCC) et souvent contraints de relayer sa propagande a aussi facilité la circulation de fausses rumeurs sur l’origine de l’épidémie et les moyens de s’en protéger.
La Chine se situe au 177e rang sur 180 dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse 2019.