Royaume-Uni : RSF demande une transparence totale dans l'enquête sur la surveillance alléguée de journalistes par la police

Un tribunal de Londres enquêtant sur la possible surveillance de deux journalistes en Irlande du Nord a entendu des allégations choquantes selon lesquelles la police aurait tendu un piège aux journalistes afin de démasquer leurs sources. Reporters sans frontières (RSF) demande que l'enquête soit conclue rapidement et en toute transparence, afin de garantir le respect, à l’avenir, du droit vital des journalistes à protéger leurs sources.

L'Investigatory Powers Tribunal du Royaume-Uni – tribunal chargé de juger les abus de pouvoir en matière d’enquête – a examiné le traitement par la police des journalistes Trevor Birney et Barry McCaffrey, qui ont été arrêtés en 2018 sur la base d’allégations de vol de documents confidentiels. Ils avaient travaillés sur un film documentaire, No Stone Unturned, qui traitait du massacre de Loughinisland – le meurtre de six hommes dans le comté de Down en 1994 – et la tentative de dissimulation dont la police a ensuite été soupçonnée. L’arrestation des journalistes a ensuite été jugée illégale par la Haute Cour d'Irlande du Nord.

Lors d'une audience à la Cour Royale de Justice à Londres le 28 février, les avocats de Trevor Birney et Barry McCaffrey ont déclaré que de nouvelles preuves, sous la forme de documents de police divulgués juste avant l'audience, semblaient montrer que les arrestations et les perquisitions au domicile des journalistes visaient à les inciter à contacter leurs sources, afin que ces dernières puissent être identifiées par la police. 

Les avocats du service de police d’Irlande du Nord et de la police de Durham n'ont pas encore répondu à cette allégation. L'audience, à laquelle RSF a assisté, a été ajournée prématurément en raison de la divulgation tardive de ces nouvelles informations importantes. 



 

Soulevant la possibilité que la police ait bafoué, à de multiples reprises, les droits de Trevor Birney et de Barry McCaffrey en tant que journalistes, ce que nous avons entendu au tribunal est profondément alarmant. Le journalisme d'investigation dans l'intérêt public est une composante fondamentale de la démocratie et il est essentiel que le tribunal conclue son enquête rapidement et en toute transparence.

Fiona O'Brien
Directrice du bureau de Londres de RSF

Ben Jaffey KC, qui représente les journalistes, a déclaré avoir reçu des documents substantiels, dont l'un quelques heures seulement avant l'audience, qui semblent démontrer que la police avait demandé une autorisation de surveillance directe d'un tiers au moment des arrestations. La nature exacte de la surveillance a été expurgée et Ben Jaffey a déclaré que ses clients craignaient qu'elle ait été secrète et intrusive. 

Les nouveaux éléments de preuve montrent notamment que la police métropolitaine de Londres a obtenu des données de communication de Barry McCaffrey en 2011 et a même écrit au journaliste pour lui demander de lui révéler sa source, ce qu'il a refusé. 

L'audience, présidée par le juge Singh, a été ajournée pour donner aux équipes juridiques le temps d'examiner les preuves récemment divulguées. Bien que le tribunal travaille sur cette affaire depuis plus de trois ans, il s'agissait de la première audience publique.

Le Royaume-Uni est classé 26e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.



 

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