Retour à l'antenne de la RTI, son journaliste Hermann Aboa toujours détenu
Organisation :
Reporters sans frontières lance un nouvel appel en faveur de la libération du journaliste de la chaîne RTI 1 (principale chaîne du groupe public RTI), Hermann Aboa.
Celui-ci se trouve toujours en détention provisoire à la caserne de la gendarmerie d'Agban, dans le quartier d'Adjamé-Williamsville, à Abidjan. L'ancien animateur de l'émission-débat "Raison d'Etat" sur la chaîne La Première, désormais rebaptisée RTI 1, a été mis en examen le 21 juillet dernier. Plusieurs chefs d'accusation sont retenus contre lui pour lesquels il encourt l'emprisonnement à vie.
"Hermann Aboa doit être libéré sur le champ. Tout indique que les autorités le poursuivent pour ses activités de journaliste, or la loi sur la presse en vigueur en Côte d'Ivoire dépénalise le délit de presse. La détention de ce journaliste est donc contraire au droit ivoirien, cette situation intolérable a assez duré", a déclaré Reporters sans frontières.
La Radio-Télévision Ivoirienne (RTI) a recommencé à émettre, le 9 août 2011, après plus de quatre mois d'interruption.
"A l'occasion de la reprise de la RTI, nous exhortons les autorités, en particulier la Haute autorité de régulation de la communication audiovisuelle (HACA), à veiller à ce que ce groupe audiovisuel respecte son cahier des charges, ne soit plus accaparé par quiconque pour lui servir d'outil de propagande, et agisse comme un véritable média de service public", a affirmé Reporters sans frontières.
L'organisation rappelle que quelques jours avant la reprise des émissions, le directeur général de la RTI, Pascal Brou Aka, a été limogé par le gouvernement ivoirien et remplacé par Lazare Sayé Aka, jusque-là directeur des programmes. Les autorités reprochaient à Pascal Brou Aka de "graves dysfonctionnements", notamment l'absence d'équipe de reportage à l'aéroport d'Abidjan pour couvrir le retour du président Alassane Ouattara de sa visite aux Etats-Unis.
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26.07.2011 - Mis en examen, un journaliste de la RTI proche de l'ancien pouvoir risque la prison à perpétuité
Reporters sans frontières est très inquiète pour le journaliste de la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI), Hermann Aboa, détenu depuis près d'une semaine à Abidjan et risquant, s'il est reconnu coupable des accusations qui pèsent contre lui, la prison à perpétuité. L'organisation demande sa libération immédiate.
Le 26 juillet 2011, à 13 heures, le journaliste Baudelaire Mieu, correspondant de Reporters sans frontières en Côte d'Ivoire, a rendu visite à Hermann Aboa à la caserne de la gendarmerie d'Agban, à Abidjan, où le journaliste est actuellement en détention préventive.
"Hermann Aboa va bien, il se trouve dans une cellule avec un codétenu, il dispose d'un matelas et il est bien traité. Il peut recevoir des visites. Mais il dit ne pas comprendre ce qui lui arrive. La semaine passée, son audition a porté sur le contenu de l'émission qu'il animait sur la RTI", a confié Baudelaire Mieu.
Reporters sans frontières a décidé de remettre une bourse d'assistance à sa famille.
"Bien sûr la RTI a joué un rôle souvent choquant sous la présidence de Laurent Gbagbo et même parfois scandaleux pendant les périodes de crise, comme début 2011, en servant d'outil de propagande au régime. Nous n'avions jamais manqué une occasion, à l'époque, de le dénoncer. Mais les poursuites contre certains de ses journalistes nous inquiètent car elles s'apparentent à des règlements de comptes et sont loin de la politique de réconciliation nationale affichée par le gouvernement actuel", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
"Si ce sont ses activités de journaliste qui lui sont reprochées, Hermann Aboa devrait être poursuivi pour délit de presse, en vertu de la loi sur la presse de 2004 qui le met à l'abri de la prison. Il semble que les services du procureur aient contourné à escient cette disposition", a ajouté le secrétaire général de l'organisation.
Hermann Aboa, journaliste de la chaîne de télévision La Première (principale chaîne du groupe public RTI), a été mis en examen le 21 juillet 2011 par les services du Procureur de la République. Plusieurs chefs d'accusation sont retenus contre lui : "atteinte à la défense nationale", "attentat-complot contre l'autorité de l'Etat", "atteinte à l'intégrité du territoire national", "participation à une bande armée", "participation à un mouvement insurrectionnel" et "atteinte à l'ordre public". Le journaliste encourt l'emprisonnement à vie.
Durant la crise postélectorale, Hermann Aboa a été l'un des animateurs, sur La Première, de l'émission-débat "Raison d'Etat", une tribune dans laquelle étaient exposées, de façon parfois virulente, les thèses favorables au maintien de Laurent Gbagbo au pouvoir.
Hermann Aboa s'est rendu, le 20 juillet, à un service du ministère de la Justice pour entreprendre les démarches nécessaires à la levée du gel de ses comptes bancaires. Revenu le lendemain et auditionné pendant plusieurs heures, le journaliste a alors été mis aux arrêts.
La détention d'Hermann Aboa intervient au moment où les autorités annoncent le retour à l'antenne de la RTI pour le 6 août prochain.
D'autres journalistes ou anciens journalistes proches de l'ancien pouvoir sont également détenus ou gardés en résidence surveillée. Il s'agit notamment de Franck Anderson Kouassi, président de l'ex-Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA), de Gnahoua Zibrabi, ancien directeur de publication de L'œil du peuple et ancien conseiller technique de Laurent Gbabgo, d'Armand Bohui Komé, ancien membre du Conseil national de la presse (CNP) et attaché de presse au cabinet de l'ex-Première dame, et de Serge Boguhé et Germain Guezé, de la RTI.
Plus de trois mois après l'installation du président Alassane Ouattara, les journalistes de la presse d'opposition ou indépendants travaillent toujours la peur au ventre. La presse dite "bleue", proche de l'ancien pouvoir de Laurent Gbagbo, exerce dans des rédactions ambulantes. Le siège du quotidien Notre Voie est toujours occupé par des éléments de l'unité "Atchengué" des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI). Les journalistes du quotidien Le Temps ne se rendent plus au travail par peur pour leur sécurité.
Photo (haut): Hermann Aboa
Publié le
Updated on
20.01.2016