Restrictions à la presse dans la province d'Aceh
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Suite à la proclamation de l'état d'urgence dans la province d'Aceh (nord de l'île de Sumatra), l'armée indonésienne a interdit aux médias de rendre compte des propos des rebelles du Mouvement Aceh Libre (GAM), qui réclament l'indépendance de la province depuis près de vingt-six ans. Par ailleurs, pour couvrir le conflit, les journalistes devront obligatoirement recevoir des accréditations militaires.
"Tant que les journalistes rapportent des propos qui ne sont pas des appels à la violence ou au meurtre, ils ne font que respecter le droit fondamental de leurs concitoyens à être informés", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'association, dans un courrier adressé au ministre de la Défense et de la Sécurité indonésien, Juwono Sudarsono. "Nous vous demandons de veiller à ce que les journalistes puissent continuer à exercer leur métier dans des conditions normales dans cette région, malgré l'état d'urgence."
Le 21 mai 2003, l'armée indonésienne a annoncé des restrictions à l'activité de la presse dans la province d'Aceh, soumise à la loi martiale depuis le 19 mai. Prenant appui sur les dispositions législatives en vigueur en période extraordinaire, le général Endang Suwarya, responsable de la loi martiale dans la province, a interdit aux journalistes de rapporter les propos des porte-parole du GAM pendant toute la durée de l'état d'urgence. Selon lui, l'intérêt de la République indonésienne doit prévaloir dans toute couverture journalistique. "J'exige que toutes les informations publiées soutiennent l'esprit nationaliste. Les intérêts de l'Etat unitaire doivent être mis en avant. Au contraire, il ne faut accorder aucune crédibilité aux déclarations du GAM, qui déforment constamment les faits", a-t-il expliqué.
Plusieurs médias locaux ont déjà été inquiétés depuis l'instauration de ces nouvelles règles. Les reporters de la chaîne privée Metro TV ont été menacés d'expulsion de la province par des militaires pour avoir filmé un groupe de personnes portant des symboles du GAM sur leurs vêtements. Ces derniers aidaient à l'extinction de l'incendie d'une des nombreuses écoles brûlées dans la province depuis le début de l'offensive. Le quotidien Serambi Indonesia a également eu droit à de sévères reproches pour sa couverture des dernières opérations militaires, qui faisait la part belle, selon les autorités, aux séparatistes.
L'échec des pourparlers de paix entre militaires et rebelles séparatistes du Mouvement Aceh Libre (GAM), organisés les 17 et 18 mai derniers à Tokyo, a remis le feu aux poudres dans la province. Le 19 mai, le gouvernement indonésien a prononcé l'état d'urgence à Aceh et le début d'une offensive militaire contre les rebelles, la plus importante depuis 1976, destinée à anéantir le GAM.
En vingt-six ans, le conflit d'Aceh a fait plus de 10 000 morts, en majorité des civils. Jakarta continue de refuser l'indépendance de cette province, riche en hydrocarbures.
Publié le
Updated on
20.01.2016