Selon Jia Jianying, la femme de He Depu, l'état de santé du cyberdissident s'est gravement détérioré, suite aux mauvais traitements dont il a été victime. Reporters sans frontières demande aux autorités chinoises de le transférer dans un hôpital et de lui fournir les soins appropriés.
Le 17 février 2004, Jia Jianying, la femme de He Depu, a été autorisée pour la première fois depuis l'arrestation de son mari à lui rendre visite au centre de détention municipal de Pékin. Elle a pu constater que son état de santé s'était gravement détérioré, suite aux mauvais traitements dont il a été victime. He Depu souffre de vertiges et de problèmes de surdité, dus aux nombreux coups reçus à la tête. Il a perdu près de 30 kilos.
Reporters sans frontières exprime sa très vive inquiétude face à cette situation et demande au ministre chinois de la Justice, Zhang Fusen, de transférer le cyberdissident dans un hôpital afin qu'il bénéficie d'un traitement médical approprié.
Jia Jianying a réclamé de meilleures conditions de détention pour son mari. Les responsables de la prison lui ont répondu qu'elle devait "se tenir tranquille" pendant toute la durée du Congrès national du peuple, qui se termine le 20 mars 2004. Son employeur à l'hôpital de Pékin lui a également laissé entendre qu'il avait reçu des ordres "d'en haut", demandant qu'elle ne sorte pas de chez elle en dehors des heures de travail, et ce jusqu'au 20 mars.
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He Depu, membre du Parti démocrate chinois et auteur de nombreux essais publiés sur Internet, a été condamné le 6 novembre à huit ans de prison par la cour numéro un de Pékin. Son procès avait duré deux heures, la lecture de la sentence a pris cinq minutes.
Reporters sans frontières est révoltée par la lourdeur de cette sentence et demande au Premier ministre chinois la libération immédiate de He Depu pour raisons médicales. « He Depu est gravement malade du foie. Il n'a reçu aucun traitement depuis son arrestation, le 4 novembre 2002, et est apparu très affaibli lors de l'audience. Nous craignons qu'il ne survive pas à une période d'incarcération aussi longue », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. « L'arrivée au pouvoir du tandem Hu Jintao à la présidence de la république et Wen Jiabao à la tête du gouvernement avait fait naître certains espoirs quant à la libéralisation du régime. Nous constatons que cette libéralisation est uniquement économique et que les autorités chinoises poursuivent leur répression de la cyberdissidence », a-t-il ajouté.
Selon sa femme, Jia Jianying, He Depu n'a cessé de crier pendant les cinq minutes qu'a duré la lecture du verdict, critiquant le système de parti unique chinois et demandant l'instauration d'un régime démocratique. Elle a également indiqué à Reporters sans frontières que la santé de son mari la préoccupait beaucoup. L'envoi de médicaments lui était jusqu'à présent refusé par le centre de détention. Jia Jianying espère que cette interdiction sera levée une fois son mari transféré en prison. Elle a ajouté que la vue de He Depu s'était largement détériorée durant son incarcération.
Jia Jianying a précisé que le juge n'avait pas demandé au condamné, à l'issue de la lecture de la sentence, s'il souhaitait faire appel du jugement, or cette question est obligatoire une fois le verdict prononcé.
He Depu avait été jugé le 14 octobre 2003. Il était accusé d'avoir collaboré avec le Parti démocrate chinois et d'avoir diffusé par Internet des textes « incitant à la subversion ». Il est l'un des activistes ayant signé une lettre ouverte, en novembre 2002, demandant aux autorités chinoises des réformes politiques. Quatre autres signataires, Jiang Lijun, Zhao Changqing, Ouyang Yi et Dai Xuezhong, ont également été jugés pour subversion.
He Depu est né le 28 octobre 1956. Il a pris part en 1979 au Mouvement du mur de la démocratie. Il est le fondateur du magazine Jeunesse de Pékin, interdit par la suite. Il est à l'origine du Parti démocrate chinois, également interdit, et a été détenu plusieurs fois pour son implication dans ce mouvement politique. He Depu travaillait pour l'Académie des sciences sociales. Il en a été exclu à la suite de sa candidature aux élections locales de 1990.
Sept cyberdissidents, jugés en première instance ou en appel dans les cinq dernier jours, sont actuellement en attente de leur verdict. Un autre activiste sur Internet a été arrêté le 29 octobre. 39 personnes sont actuellement emprisonnées en Chine pour des textes publiés sur le Net.