Reporters sans frontières réitère sa demande de libération des deux reporters de L'Express et de leur journaliste-interprète détenu au secret depuis trois jours
Depuis trois jours, les services de sécurité détiennent au secret Khawar Mehdi (photo), journaliste-interprète, pour avoir collaboré avec deux reporters français de L'Express. Reporters sans frontières dénonce ce traitement comme une atteinte à l'Etat de droit.
Les journalistes Marc Epstein, Jean-Paul Guilloteau et Khawar Mehdi Rizvi sont détenus depuis trois jours à Karachi après avoir réalisé un reportage en Afghanistan. Ils sont interrogés séparément par l'Agence d'intelligence fédérale.
Reporters sans frontières demande aux autorités pakistanaises de fournir des informations sur la situation du journaliste pakistanais Khawar Mehdi Rizvi. "Détenir au secret un journaliste pendant trois jours est une atteinte à l'Etat de droit. Khawar Mehdi Rizvi n'a fait que collaborer avec une équipe de journalistes étrangers pour réaliser un reportage. Cela ne constitue en aucun cas un délit qui justifie un tel traitement", a affirmé l'organisation dans un communiqué adressé au ministre fédéral de l'Intérieur, Makhdoom Syed Faisal Saleh Hayat.
Selon les informations de Reporters sans frontières, Khawar Mehdi Rizvi, journaliste-interprète de l'hebdomadaire français L'Express, a été arrêté, le 16 décembre, à Karachi par des agents de l'Agence d'intelligence fédérale (FIA), sous la direction du colonel Nizar. Il est détenu au secret à Karachi et serait régulièrement interrogé. Son nom n'est pas mentionné dans le procès verbal (FIR) concernant les deux reporters français alors qu'il est leur collaborateur sur ce reportage. Selon certaines informations, les enquêteurs lui reprochent d'avoir permis à l'équipe de L'Express de réaliser un reportage dans la région de Quetta.
Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau, respectivement journaliste et photographe de L'Express, sont toujours détenus dans les locaux de l'Agence d'intelligence fédérale (FIA) à Karachi (sud du pays). Le consul de France à Karachi et leur avocat, M. Siddiqi, peuvent leur rendre visite tous les jours. Par ailleurs, un juge devrait se prononcer le 20 décembre sur la demande de libération sous caution déposée par l'avocat des deux journalistes français de L'Express. Les autorités continuent à leur reprocher une infraction à la "circulation des étrangers" pour être allés dans la région de Quetta, sans être munis, pour des raisons de discrétion inhérente à la nature de leur enquête, d'un visa spécial pour se rendre dans cette province frontalière avec l'Afghanistan. En revanche, ils disposaient d'un visa de presse pour le Pakistan.
Le 19 décembre, l'association Asia Presse, qui regroupe les journalistes français spécialistes de l'Asie, a publié un communiqué de presse demandant la libération de Marc Epstein, Jean-Paul Guilloteau et Khawar Mehdi Rizvi. L'association a notamment écrit :
"Leur fixeur, Khawar Mehdi Rizvi, est un journaliste pakistanais très apprécié des journalistes français, notamment de certains membres d'Asia Presse. Il a d'ailleurs travaillé au Pakistan et en Afghanistan avec TF1, France 2, Le Monde, Libération ou Arte.
Asia Presse témoigne des qualités professionnelles de ces trois journalistes qui n'ont fait qu'un travail d'enquête sur la situation au Pakistan, sans intention de nuire à son gouvernement."