A l'occasion de la visite officielle en France du Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, les 14 et 15 avril, Reporters sans frontières a demandé au président de la République française d'intervenir pour obtenir la libération de deux journalistes oromos, Shiferraw Insermu et Dhabassa Wakjira, abusivement détenus depuis plus d'un an à Addis-Abeba.
A l'occasion de la visite officielle en France du Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, les 14 et 15 avril 2005, Reporters sans frontières a demandé au président de la République française, Jacques Chirac, d'intervenir pour obtenir la libération de deux journalistes oromos, Shiferraw Insermu et Dhabassa Wakjira, abusivement détenus depuis plus d'un an à Addis-Abeba.
Dans une lettre datée du 8 avril, l'organisation a exprimé son « inquiétude sur le sort réservé à ces deux hommes (…), alors que l'Ethiopie entre en période électorale. « A nos yeux, la France ne peut pas faire l'économie de la question oromo dans son dialogue avec l'Ethiopie, a ajouté Reporters sans frontières. L'affaire de ces deux journalistes, oubliés au fond de leur prison depuis un an, en est une illustration évidente et scandaleuse. De plus, des élections sereines, libres et justes ne sauraient se dérouler en Ethiopie tant que les cas de Shiferraw Insermu et Dhabassa Wakjira ne seront pas réglés dans les règles du droit, de la justice et de l'humanité. »
Shiferraw Insermu et Dhabassa Wakjira, tous deux journalistes du service en langue oromo de la chaîne de télévision publique éthiopienne ETV, ont été arrêtés pour la première fois à leur domicile d'Addis-Abeba, le 22 avril 2004. La Haute Cour fédérale a ordonné leur libération sous caution le 9 août suivant, mais seul Shiferraw Insermu a été relâché. Arrêté de nouveau deux fois de suite, en octobre 2004 et en janvier 2005, Shiferraw Insermu est aujourd'hui en détention. Dhabassa Wakjira, lui, est emprisonné sans interruption depuis plus d'un an sans que l'administration pénitentiaire obéisse aux différents ordres de libération provisoire de la justice.
Selon le témoignage d'un ancien collègue des deux journalistes, aujourd'hui en exil, ils ont été interpellés, en compagnie d'autres employés oromos de ETV aujourd'hui libérés, suite à la diffusion d'un reportage sur la violente répression d'une manifestation d'étudiants oromos sur le campus de l'université d'Addis-Abeba, le 4 janvier 2004. L'intervention des forces de l'ordre avait donné lieu à des brutalités policières et à de nombreuses arrestations, notamment de membres de l'Association d'aide sociale Macha Tulama, qui souhaitait protester contre la décision du gouvernement éthiopien de déménager les institutions régionales de la région oromo d'Addis-Abeba (appelée Finfinne par les Oromos) à Adama (également connue sous le nom de Nazret, à 100 km à l'est de la capitale).
Selon les informations recueillies à Addis-Abeba par Reporters sans frontières, les deux journalistes sont détenus séparément, dans deux prisons de la capitale, et sont régulièrement visités par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).