Reporters sans frontières a demandé, dans une lettre du 6 janvier 2003, au nouveau secrétaire général de l'organisation internationale de la Francophonie, M. Abdou Diouf, de condamner les règlements de comptes politiques au Liban qui pénalisent la liberté de la presse.
"Depuis plusieurs mois, le paysage audiovisuel libanais est le théâtre de règlements de comptes politiques qui seraient presque risibles si la liberté de la presse n'en était pas la première victime. Dernièrement, c'est par une série de fermetures de chaînes de télévision et de déclarations intempestives que le président de la République, Emile Lahoud, et le Premier ministre, Rafic Hariri, se sont engagés dans un bras de fer dont les libertés publiques, au premier rang desquelles la liberté d'expression, ont de nouveau à pâtir."
C'est en ces termes que Reporters sans frontières a demandé, dans une lettre du 6 janvier 2003, au nouveau secrétaire général de l'organisation internationale de la Francophonie, M. Abdou Diouf, de condamner sans délai les manquements à la liberté des médias libanais. Le Liban s'étant fait une fierté d'accueillir le IXe Sommet de la francophonie du 18 au 20 octobre 2002, il est d'autant plus important de rappeler ce pays à ses obligations envers le droit et la liberté qui faisaient jusque-là sa spécificité dans la région.
"Ainsi", poursuit l'organisation, "la fermeture de la chaîne de télévision privée Murr Television (MTV), le 4 septembre 2002, a aussitôt suscité des condamnations internationales et nationales unanimes. Or, c'est seulement le 6 janvier 2003 que le Premier minsitre, Rafic Hariri, déplore cette mesure. Venant d'essuyer un affront avec l'ordre présidentiel, le 4 janvier, de rouvrir une autre chaîne privée, New Television (NTV), qu'il avait ordonné de suspendre à cause de ses amitiés avec l'Arabie saoudite, le Premier ministre entend importuner le Président et ses amis en demandant la réouverture de la MTV. Le droit à être informé des téléspectateurs de la NTV et de la MTV, aussi bien que le droit de ces deux médias d'exister et de travailler librement, n'ont visiblement aucune valeur aux yeux des autorités libanaises. Cette situation absurde révèle à la fois le mépris des politiques pour l'indépendance de la justice et leur instrumentalisation des médias et de la liberté de la presse à des fins strictement politiciennes."