Reporters sans frontières dénonce l'expulsion d'une journaliste de bakchich.info

Léa Labaye, journaliste du site Bakchich.info, a été refoulée de Tunisie, le 16 septembre 2006, sans qu'aucune explication lui soit fournie par les autorités. "Cette expulsion démontre une fois encore que les journalistes critiques du président Ben Ali ne sont pas les bienvenus dans le pays" a déclaré Reporters sans frontières.

Léa Labaye, journaliste du site Bakchich.info, a été refoulée de Tunisie, le 16 septembre 2006, sans qu'aucune explication lui soit fournie par les autorités. "Cette expulsion démontre une fois encore que les journalistes critiques du président Ben Ali ne sont pas les bienvenus dans le pays. Cet incident nous rappelle l'interdiction de territoire signifiée à notre secrétaire général, Robert Ménard, lorsqu'il avait voulu se rendre au Sommet mondial sur la société de l'information en novembre 2005", a déclaré Reporters sans frontières. "En Tunisie, les journalistes en ligne qui dérangent sont refoulés à la frontière, les cyberdissidents locaux sont emprisonnés et les sites indépendants sont filtrés : ce pays confirme chaque jour qu'il mérite de figurer sur notre liste des '15 ennemis d'Internet'. Rappelons qu'il serait impossible de tenir à jour un site tel que Bakchich.info à partir de la Tunisie. Mohammed Abbou, emprisonné depuis mars 2005 pour avoir critiqué le Président sur un site Web, en a fait la douloureuse expérience", a déclaré l'organisation. Léa Labaye est arrivée à Tunis à 15h30, le 16 septembre, en provenance de Paris. Après l'atterrissage, des responsables de l'aéroport lui ont interdit de quitter son siège et l'ont renvoyée en France par le même avion. La jeune journaliste avait signé un article sur la Tunisie le 23 août, pour Bakchich.info, dans lequel elle taxait le dernier ouvrage d'Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l'Orient, de "livre de propagande" en faveur du gouvernement tunisien. Elle était par ailleurs en contact téléphonique avec plusieurs dissidents politiques vivant à l'intérieur du pays. Bakchich.info, site "irrévérent" sur l'Afrique, le Maghreb, le Moyen-Orient et la France, a été lancé en mai 2006 par des journalistes français. Il est actuellement filtré en Tunisie et n'est accessible qu'au travers de proxies (sur les proxies). Le harcèlement continue également contre le juge dissident Mokhtar Yahyaoui. Son blog a été hacké début août et est désormais fermé. Il avait par ailleurs été invité au siège de l'Union européenne, à Bruxelles, pour y délivrer, le 28 septembre, un témoignage sur la situation politique en Tunisie. Mais les autorités lui ont interdit de quitter le pays. Mokhtar Yahyaoui a vivement déploré l'expulsion de la journaliste française, ajoutant qu'en Tunisie "on a bien besoin de l'humour et de l'indépendance d'un site comme Bakchich.info". Mohammed Abbou, avocat et défenseur des droits de l'homme, a été arrêté dans la nuit du 1er mars 2005 parce qu'il avait publié sur Internet un article établissant un parallèle entre la politique du président Ben Ali et celle d'Ariel Sharon. Il a été condamné le 29 avril à trois ans et six mois de prison suite à une parodie de procès. Les autorités mettent également sa famille sous pression. Chaque fois qu'elle se rend à la prison où est enfermé son mari, sa femme, Samia, est longuement interrogée par la police. Le 17 novembre 2005, des policiers tunisiens en civil avaient physiquement empêché Robert Ménard de débarquer de l'avion à bord duquel il venait d'arriver à l'aéroport de Tunis. Le secrétaire général de Reporters sans frontières devait se rendre au Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI). ------------- Créer votre blog avec Reporters sans frontières : www.rsfblog.org
Publié le
Updated on 20.01.2016