Reporters sans frontières dénonce les restrictions imposées à la presse étrangère
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Un décret présidentiel prévoyant l'instauration de "zones spéciales" a été adopté le 10 septembre 2002. Ce décret soumet l'accès à ces zones des étrangers, y compris les journalistes, à l'approbation du ministère de la Défense, soi-disant pour empêcher les groupes armés "d'entrer en contact avec des terroristes étrangers". Les envoyés spéciaux devront informer les autorités à l'avance de leurs déplacements tandis que la délivrance d'une autorisation sera soumise à la situation militaire dans ces zones.
"La possibilité que les journalistes se voient refuser l'accès aux zones spéciales constitue une violation flagrante de la Convention américaine des droits de l'homme dont l'article 13 garantit la liberté de circulation des journalistes", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Dans une lettre adressée au président Uribe, l'organisation a demandé que l'accès aux zones spéciales soit conditionné à la seule vérification de la qualité de journaliste du requérant. "Soit il s'agit d'empêcher d'éventuels terroristes de pénétrer dans ces zones et la vérification de la qualité de journaliste suffit, soit il s'agit d'encadrer le travail des professionnels de la presse et alors on peut craindre que ce texte ne soit utilisé pour mener en réalité une guerre sans témoins", a expliqué Robert Ménard. Ce dernier s'est également dit préoccupé par les conséquences sur le secret des sources de l'autorisation, par le même texte, des arrestations, perquisitions et écoutes téléphoniques. "De telles mesures ne peuvent s'appliquer aux journalistes sans remettre en cause la neutralité de la presse", s'est inquiétée l'organisation.
Le 10 septembre, le président Alvaro Uribe a signé le décret 2002 qui instaure des "zones spéciales de réhabilitation et consolidation" dans les régions où sévissent les groupes armés. Ces zones de conflit, qui pourraient concerner 14 des 32 départements du pays selon l'Agence France-presse, seront placées sous la direction d'un commandant militaire et le contrôle du gouverneur.
Selon le décret 2002, l'accès à ces régions des étrangers, y compris les journalistes, sera soumis à l'autorisation du gouverneur local qui disposera de huit jours pour statuer sur chaque demande. Celle-ci pourra être refusée au regard de "la situation particulière de l'ordre public". En cas de non-respect de la décision des autorités, le journaliste sera expulsé de Colombie. Des précisions apportées depuis par les autorités indiquent que les envoyés spéciaux devront informer les autorités des trajets qu'ils souhaitent effectuer et que l'attribution d'un laissez-passer sera soumis à l'approbation du ministère de la Défense.
Selon Fernando Londoño, ministre de l'Intérieur, ces mesures visent à empêcher les groupes armés "d'entrer en contact avec des terroristes étrangers". Interrogé par l'AFP, Ricardo Galán, chef du service de presse de la présidence, a néanmoins affirmé que ces restrictions "n'affecteraient pas" les correspondants étrangers accrédités à Bogotá. Il a été précisé à ces derniers qu'ils devront présenter une demande au ministère de la Défense qui leur remettrait un laissez-passer valable jusqu'au 31 décembre 2002, sans garantie que celui-ci soit reconduit.
Le décret 2002 autorise, par ailleurs, les arrestations et perquisitions de domicile sans mandat judiciaire, en cas "d'urgence insurmontable ou lorsqu'un droit fondamental est en danger grave ou imminent". Les forces de l'ordre pourront également ordonner des écoutes téléphoniques et l'interception de courriers sur seule autorisation verbale d'un juge.
Ces mesures ont été adoptées dans le cadre de l'état d'exception, décrété le 12 août 2002 par le président Alvaro Uribe pour renforcer la lutte contre les guérillas communistes et les groupes paramilitaires d'extrême gauche. Trois membres présumés de l'Irish Republican Army (IRA) avaient été arrêtés en août 2001. Ces derniers sont soupçonnés d'avoir formé des membres de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) aux techniques de la guérilla urbaine.
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Updated on
20.01.2016