Le 24 mars, Roberto Eisenmann Jr a été contraint de comparaître devant un juge. Le fondateur de La Prensa, poursuivi pour diffamation, risque deux ans de prison. Reporters sans frontières a dénoncé le harcèlement judiciaire pratiqué au Panama par des élus et des fonctionnaires.
Reporters sans frontières a exprimé sa vive préoccupation après la comparution forcée devant un juge de Roberto Eisenmann Jr., fondateur du quotidien La Prensa, poursuivi pour diffamation par José Antonio Sossa, procureur général de la République.
"Au Panama, le harcèlement judiciaire est la principale menace à la liberté de la presse", a rappelé l'organisation. "Pour attaquer les journalistes qui critiquent leur gestion, élus et fonctionnaires, en particulier José Antonio Sossa, continuent d'invoquer une législation qui prévoit encore des peines de prison ferme pour les délits de presse", a-t-elle ajouté.
Depuis plusieurs années, Reporters sans frontières demande l'abrogation de ces lois dites "lois bâillons". Une réforme jamais entreprise par la présidente Mireya Moscoso qui avait pourtant condamné ces lois en décembre 1999 et proclamé qu'"il ne devait exister aucune loi ou action qui restreignent la liberté de la presse au Panama". Dans le cas de Roberto Eisenmann Jr., l'organisation a demandé que l'interdiction de sortie de territoire qui le frappe soit levée.
Le 24 mars 2004, munis d'un mandat d'amener, des agents de la police judiciaire se sont présentés dans les bureaux de Roberto Eisenmann Jr., fondateur du quotidien La Prensa, pour le conduire au bureau du juge qui instruit une plainte pour diffamation contre lui.
Roberto Eisenmann Jr. est poursuivi pour un article publié le 30 janvier 2004 dans lequel il dénonçait l'attitude adoptée par José Antonio Sossa, procureur général de la République, dans les affaires de corruption. "Il se consacre à protéger les délinquants et à porter plainte contre les journalistes", accusait-il.
José Antonio Sossa avait immédiatement porté plainte contre lui. Le
15 février, la justice panaméenne avait interdit à Roberto Eisenmann Jr. de sortir du pays. Convoqué à trois reprises, le fondateur de La Prensa, aujourd'hui président d'une association de défense des citoyens, avait toujours refusé de se présenter, alléguant que le fonctionnaire n'avait aucune autorité morale pour le poursuivre. Après sa comparution forcée du 24 mars, il reste interdit de sortie du territoire. Roberto Eisenmann Jr. risque deux ans de prison.
Un rapport publié le 15 décembre 2002 par le délégué spécial pour la liberté d'expression du Défenseur du peuple (ombudsman) dénonçait le harcèlement judiciaire contre la presse. Selon ce rapport, 90 plaintes pour "diffamation" étaient alors en cours. Plus de la moitié avaient été déposées par des fonctionnaires ou des élus, dont le procureur général de la République. Au total, 78 journalistes étaient concernés.