A l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, des militants de Reporters sans frontières se sont rassemblés, mardi 3 mai 2011 à 11 heures, devant l’ambassade de Syrie à Paris.
Au son de "Houriyat Al-Sahafa fi Souriya !" (Liberté de la presse en Syrie), les militants ont jeté des seaux de peinture bleue sur les murs de l’enceinte de l’ambassade, inscrivant à la peinture rouge le slogan "C’est l’encre qui doit couler, pas le sang". Trente militants de l’organisation ont été interpellés pendant quelques heures par les forces de police.
“La Syrie est le pays qui nous préoccupe le plus aujourd’hui. Personne ne sait ce qui s’y trame. Combien de morts, combien de blessés parmi les manifestants ? Nul ne le sait car les journalistes sont empêchés de travailler. Les envoyés spéciaux étrangers n’ont pas de visa pour se rendre dans le pays et les journalistes locaux sont tous emprisonnés ou contraints à se taire. Défendre la liberté de l’information en Syrie, c’est avant tout défendre le droit du peuple syrien à savoir ce qui se passe dans son propre pays. Les autorités de Damas doivent cesser ce black-out médiatique. Des exactions sont sûrement commises en ce moment-même en Syrie dans le plus grand silence parce que la presse est interdite de séjour. C’est inacceptable”, a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Reporters sans frontières salue la libération du journaliste algérien Khaled Sid Mohand détenu en Syrie depuis le 9 avril dernier. Elle montre que la mobilisation, importante en France et en Algérie, a été fructueuse. L’organisation rappelle néanmoins que les exactions contre les professionnels des médias n’ont cessé de se multiplier, en Syrie, depuis le début du mouvement de contestation. Arrestations, agressions, expulsions ont été utilisées pour assurer un black-out médiatique total.
Le gouvernement syrien poursuit sa répression. Le régime a ainsi arrêté, le 2 mai 2011, l’écrivain et journaliste syrien Omar Koush, à l’aéroport de Damas après sa participation à une conférence en Turquie. En outre, la chaîne Al-Jazeera a annoncé avoir perdu le contact avec Dorothy Parvaz, journaliste américano-canado-iranienne, depuis son arrivée à Damas le 29 avril dernier. A noter que la chaîne avait annoncé, le 27 avril dernier, sa décision de suspendre, pour une durée indéterminée, toutes ses activités sur l’ensemble du territoire syrien en raison des multiples intimidations et menaces reçues par ses équipes. Reporters sans frontières rappelle que sont toujours emprisonnés : Fayez Sara, journaliste et écrivain syrien, arrêté le 11 avril 2011, Mohamed Zaid Mistou, journaliste norvégien, d’origine syrienne, arrêté le 7 avril, et Kamal Sheikhou, blogueur syrien, arrêté le 15 mars dernier. On est toujours sans nouvelles des journalistes Akram Abu Safi et Sobhie Naeem Al-Assal depuis le 24 mars dernier. (lire http://fr.ikiepewlso.tudasnich.de/moyen-orient-les-predateurs-de-la-03-05-2011,40203.html)
L’organisation a également publié, à l’occasion de cette journée, sa liste 2011 des prédateurs de la liberté de la presse, qui présente trente-huit chefs d’Etat ou chefs de guerre semant la terreur parmi les journalistes. Les changements importants en Afrique du Nord et Moyen-Orient, où se sont joués les événements les plus intenses, les plus passionnants, mais aussi les plus tragiques ces derniers mois, ont marqué la liste des prédateurs 2011.