Remise en liberté d’un homme accusé à tort de l’assassinat du cameraman américain Brad Will
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Juan Manuel Martínez Moreno, incarcéré depuis un an pour l’assassinat du cameraman américain Brad Will, a été remis en liberté en l’absence de preuves, le 18 février 2010. Le jeune journaliste de l’agence indépendante Indymedia avait été tué par balles le 27 octobre 2006, au plus fort du conflit opposant le collectif de l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO) au gouverneur de l’État, Ulises Ruiz Ortiz. Juan Manuel Martínez Moreno militait au sein de l’APPO, dont Brad Will suivait les manifestations.
“J’ai été privé de ma liberté injustement. Des preuves démontrent qui sont les coupables, mais ils ont été protégés par le gouvernement d’Ulises Ruiz”, a fait savoir Juan Martínez Moreno à la presse locale. “Nous attendons maintenant que l’enquête reprenne, mais avec objectivité. Un an de perdu, un an de plus d’impunité”, nous a déclaré l’avocat de la famille Will, Miguel Ángel de los Santos qui n’a jamais cru en la culpabilité de Juan Manuel Martínez Moreno. C’est également notre avis. Juan Manuel Martínez Moreno a servi de bouc émissaire pour couvrir la garde rapprochée du gouverneur Ulises Ruiz Ortiz. S’appuyant sur la justice locale, les autorités d’Oaxaca ont cherché à imputer l’assassinat de Brad Will à l’APPO.
Cet épisode souligne l’incompétence ou la complicité des autorités, locales mais aussi fédérales, dans le contexte gravissime de la liberté de la presse au Mexique, devenu le pays le plus dangereux du continent pour les journalistes. Un récente étude d’Article 19 et du Centre national de communication sociale (Cencos) attribue, pour l’année 2009, 65 % des attaques aux autorités elles-mêmes, contre 6,15 % au crime organisé. Nous rappelons pour notre part que le parquet spécial dédié à la lutte contre les attaques envers les journalistes (Fiscalía Especial para la Atención de Delitos contra Periodistas - FEADP), n’a obtenu aucun résultat depuis son institution en 2006. Lire aussi notre rapport.
Depuis le 15 février 2010, la FEADP compte un nouveau procureur titulaire en la personne de Gustavo Salas Chávez. Quels moyens compte-t-il engager pour résoudre les très nombreux dossiers en souffrance ? Quelle réforme du fonctionnement de la FEADP lui permettrait de remplir sa mission ? Nous avons posé la même question à Yolanda Valencia Vales, présidente de la Commission spéciale de suivi des agressions contre les journalistes et les médias de la Chambre des députés (Comisión Especial para dar Seguimiento a las agresiones a Periodistas y Medios de Comunicación), dans une lettre du 22 janvier dernier. Sans réponse pour l’instant.
Depuis le début de l’année 2010, trois journalistes ont été assassinés au Mexique. Le pays se situe à la 137e place sur 175 du classement mondial établi par Reporters sans frontières pour l’année 2009. Le Mexique compte 61 journalistes tués depuis 2000 et neuf disparus depuis 2003.
Photo : The Indypendent
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Updated on
20.01.2016