RDC : RSF et CPJ dénoncent la détention arbitraire d'un journaliste depuis 3 semaines
Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) demandent la libération immédiate du journaliste Joseph Kazadi, privé d’accès à son avocat depuis son arrestation le 13 juillet 2022 en République démocratique du Congo (RDC).
Mise à jour : Le 03 août, Joseph Kazadi a été libéré sans conditions après trois semaines de détention. Reporters sans frontières est soulagée d'apprendre la libération du journaliste qu'elle a soutenu tout au long de sa réclusion.
Détenu dans les locaux de l'Agence nationale des renseignements (ANR) à Kinshasa, le journaliste Joseph Kazadi est privé de liberté depuis trois semaines. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF) dénoncent cette détention injustifiée, et demandent aux autorités congolaises de le libérer sans condition.
“Joseph Kazadi est derrière les barreaux sans que les charges qui pèsent contre lui ne lui soient notifiées, déclare Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique de l’Ouest à RSF. Sa détention prolongée est complètement injustifiée et les conditions dans lesquelles il est détenu demeurent très opaques. Informer ne saurait constituer un délit, et il est intolérable de voir les autorités congolaises empêcher un journaliste d'exercer sa profession.”
Journaliste chevronné aux multiples facettes, Joseph Kazadi est le responsable du journal Leader, collaborateur du magazine Mining News, et correspondant de Journalistes en Danger (JED). Reconnu par ses pairs pour son expertise pointue sur le secteur minier du Katanga, une province au sud de la RDC, le journaliste travaille sur des reportages avec des médias internationaux, à l’instar de CNN, ABC ou The New Yorker.
Le 13 juillet, il enquêtait aux côtés de Nicholas Niarchos, reporter pour les journaux américains The Nation et le New Yorker, sur les liens entre les mines artisanales et les acteurs qui en bénéficient dans la région du Katanga. Les deux journalistes ont alors été arrêtés ce jour-là par les services de l’ANR. Si Nicholas Niarchos a pu être libéré cinq jours plus tard sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui, Joseph Kazadi est toujours derrière les barreaux.
Jusqu’à présent aucun élément tangible n’a permis de justifier la privation de liberté prolongée pour le journaliste. CPJ et RSF dénoncent ce deux poids, deux mesures.
“Les autorités de la RDC devraient libérer immédiatement et sans condition le journaliste Joseph Kazadi, qui a été détenu au secret pendant des semaines en violation de son droit à une procédure régulière,” a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ. “Les détentions en cours de Joseph Kazadi, ainsi que d'au moins deux autres journalistes — Patrick Lola et Christian Bofaya — détenus dans la province de l'Équateur depuis janvier 2022, sont des indications alarmantes du mépris des autorités congolaises pour la liberté de la presse.”
Contacté par RSF et CPJ, Patrick Kitenge, le responsable de la communication de l’ANR, ne répond pas aux appels des organisations de protection des journalistes qui souhaitent obtenir des informations sur cette affaire. Maître Godefroid Kabango, l’avocat de Joseph Kazadi mandaté par RSF, s’est vu refuser systématiquement l’accès à son client, au prétexte que l’administrateur général de l’ANR n’était pas disponible pour répondre à sa demande.
Ce refus d’informer sur les conditions de détention de Joseph Kazadi et les charges qui pèsent contre lui démontre l’impunité dont bénéficient les services de renseignement congolais qui maltraitent les journalistes arrêtés. Durant le mois de mai, RSF alertait déjà sur des cas de torture de journalistes dans les cellules de l’ANR. Les journalistes Patrick Lola et Christian Bofaya sont également détenus à la prison centrale de Mbandaka, la capitale de la province de l'Équateur en RDC, depuis leur arrestation le 10 janvier 2022.