RDC : RSF condamne avec la plus grande fermeté l’assassinat du journaliste Joël Musavuli

Le journaliste Joël Musavuli a été attaqué et assassiné dans la nuit de vendredi à son domicile par des hommes armés non identifiés. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement cet acte odieux et demande que l’enquête qui a été ouverte fasse toute la lumière sur cette affaire afin d’identifier et de condamner les responsables.

Tard dans la nuit de vendredi à samedi, des hommes armés non-identifiés ont fait irruption chez le journaliste Joël Musavuli et l’ont poignardé au cou. Le directeur de la radiotélévision communautaire de Babombi (RTCB), émettant à Biakato en Ituri, province dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), a succombé à ses blessures peu de temps après. Sa femme, également prise pour cible, a été hospitalisée et se trouve actuellement dans un état critique. 


Le journaliste, menacé depuis plusieurs années pour son travail de sensibilisation à la maladie à virus Ebola (MVE), animait depuis quelques mois une émission intitulée “Peuple, ouvrons les yeux”, dans laquelle il se montrait critique à l’égard des milices armées et des forces armées de la RDC (FARDC) opérant en Ituri. Une émission en date du 26 juillet, où il avait fait état d’atteintes présumées aux droits de l’homme commises par ces différentes factions durant l’état de siège mis en place en mai pour tenter de pacifier la région, lui avait valu une série de menaces de mort proférées par des individus se réclamant à la fois de groupes armés et de l’armée régulière. Des membres de cette dernière l’avaient également brièvement arrêté le 10 août dernier au cours d’une perquisition dans plusieurs maisons du village. 


L’assassinat de Joël Musavuli est une nouvelle glaçante qui assène un nouveau coup à la liberté de la presse en RDC, déplore Assane Diagne, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF. Notre organisation condamne avec la plus grande fermeté cet acte ignoble à l’encontre d’un journaliste qui exerçait un travail courageux et essentiel pour documenter des sujets difficiles, dans un contexte sécuritaire particulièrement précaire. Les autorités doivent réagir face à la gravité de cette situation ! L’enquête qui a été ouverte doit faire toute la lumière sur cette affaire et mener à l’identification et à la condamnation des coupables.” 


RSF était en lien avec Joël Musavuli depuis l’assassinat en 2019 de son confrère Papy Mumbere, présentateur de la radio communautaire de Lwemba dans la province d’Ituri qui avait été tué sous les yeux de sa femme après avoir animé une émission sur la riposte contre la MVE. 


L’instauration de l’état de siège début mai 2021 n’a pas contribué à faire diminuer le volume des exactions commises à l’encontre de la presse. En juin dernier également dans l’Ituri, un homme en tenue militaire avait menacé de mort le directeur de la radio communautaire de Biakato, Parfait Katoto, pour avoir diffusé un reportage sur les exactions commises par des FARDC sur des civils. À  peine quelques semaines plus tard, le reporter Daniel Michombero a lui aussi été menacé de mort par sept hommes cagoulés et vêtus de l’uniforme des FARDC qui s’étaient introduits à l’intérieur de son domicile à Goma, dans le Nord-Kivu. 


La RDC occupe actuellement la 149e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.

Publié le
Updated on 17.08.2021