RDC : deux journalistes de radio menacés par des miliciens

Reporters sans frontières (RSF) se joint à son partenaire Journaliste en danger (JED) pour condamner les menaces, dont certaines de mort, proférées par une milice rebelle à l’encontre de deux journalistes travaillant pour une radio, et exhorte les autorités à enfin prendre des mesures fortes pour améliorer la sécurité des professionnels des médias congolais.

14 appels, 13 messages. C’est le nombre de menaces reçues depuis le 8 janvier par Nicolas Synthe Awacang’o et Freddy Upar, respectivement rédacteur en chef et journaliste à Radio Canal Révélation (RCR), pour avoir exercé leur métier. Les journalistes de ce média très écouté à Bunia, chef-lieu de l’Ituri, une province située dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), sont accusés par des miliciens des Forces patriotiques intégrationnistes du Congo (FPIC) d’être du côté des forces armées congolaises (FARDC).


Au premier, les miliciens reprochent d’avoir rapporté leur tentative d’incursion dans Bunia. Les messages qu’il reçoit lui interdisent l’accès à certains quartiers de la ville. Dans l’un d’eux, on lui fait savoir que l’on connaît la couleur de sa moto et l’adresse de son domicile.


Au second ont été adressées de graves menaces à la suite de la diffusion, dans le journal qu’il présente quasiment chaque matin, des déclarations du porte-parole de l’armée à la suite d’affrontements entre les FARDC et les miliciens. “Ils ne comprennent pas le rôle du journaliste et disent que dès qu’ils vont entrer à Bunia, ils vont me tuer”, confirme-t-il auprès de RSF. “Je fais très attention et sors peu.”


“Ces menaces illustrent les grands dangers qui pèsent sur les journalistes congolais et les risques qu’ils doivent prendre pour transmettre des informations fiables et équilibrées, déclare le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. Il n’est pas acceptable qu’en dépit de leur très importante contribution à la société, rien ne soit fait pour les protéger. Il ne faut pas attendre de déplorer de nouvelles victimes pour mettre en place des mesures fortes, comme le mécanisme dédié à la protection et à la sécurité des journalistes proposé par RSF et son partenaire JED.”


Radio Canal Révélation a déjà connu le pire : en 2013, Guylain Chandjaro, journaliste en langue swahili à cette antenne, a été retrouvé mort douze jours après sa disparition.


Depuis la reprise des hostilités militaires dans la province de l’Ituri, les journalistes sont de plus en plus ciblés par des attaques. La forte présence des milices armées non officielles et le fait que nombre d’entre elles sont anonymes rendent difficiles leur identification et, par là, la communication souhaitée idéalement par leurs cibles comme alternative à la violence. Leurs méthodes restent en tout cas similaires. Le 20 janvier dernier, RSF rapportait les exactions récurrentes commises par la milice maï-maï à l’encontre de la presse. Depuis 2019, notre organisation a recensé neuf cas de menaces et quatre attaques par ce groupe armé, dont un assassinat et un journaliste porté disparu.


La RDC occupe la 150e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Updated on 03.02.2021