Examen périodique universel de l’Erythrée à l’ONU: RSF demande des preuves de vie pour les journalistes détenus arbitrairement
A l’occasion de l’Examen périodique universel (EPU) de l’Erythrée par le Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations unies, Reporters sans frontières (RSF) déplore l’absence de progrès significatifs en matière de liberté de la presse et demande aux autorités érythréennes d’autoriser les visites pour tous les journalistes en détention arbitraire depuis 2001.
Cela ne fait que deux ans que l’Erythrée (179e) n’occupe plus la toute dernière place du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. En 2016, le pays a autorisé une poignée de journalistes étrangers, étroitement surveillés par le régime, à se rendre dans la capitale Asmara. En avril 2018, les autorités érythréennes ont pour la première fois présenté leur rapport sur la situation des droits de l’homme dans le pays devant la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Cependant, ces efforts apparents ne traduisent pas un assouplissement du régime. RSF avait d’ailleurs dénoncé à cette occasion un “déni de réalité”, et rappelé que l’Erythrée restait la plus grande prison de journalistes en Afrique subsaharienne.
Selon les chiffres de RSF, au moins 11 journalistes se trouvent encore dans les geôles d’Issaias Afeworki, le président Érythréen au pouvoir depuis 25 ans, considéré par notre organisation comme l’un des pires prédateurs de la liberté de la presse au monde. Depuis 2001, plus aucun média indépendant n’est autorisé. Radio Erena, fondée en 2009 par des journalistes érythréens en exil à Paris, est l’un des seuls moyen d’obtenir des informations crédibles sur la situation dans le pays.
La procédure d’EPU consiste à passer en revue, de manière cyclique, la situation et les réalisations de chaque État membre de l’ONU dans le domaine des droits humains. Lors de son dernier examen devant le Conseil des droits de l’homme en 2014, l’Erythrée avait accepté sept recommandations concernant la liberté d’expression et le travail des journalistes. Aucune d’entre-elles n’a depuis été mises en oeuvre.
En 2016, le ministre des Affaires étrangères érythréen avait qualifié les journalistes détenus dans son pays de “prisonniers politiques” et assuré qu’ils étaient “tous vivants”. Depuis aucune preuve de vie n’a été fournie par les autorités, aucune visite n’a été autorisée et aucun procès ne s’est ouvert pour ces reporters, dont certains comme le journaliste suédo-érythréen Dawit Isaak, sont en détention depuis 17 ans.
Recommandations de RSF
- Révéler où se trouvent tous les journalistes détenus depuis 2001 et fournir des preuves de vie
- Autoriser immédiatement les visites à tous les journalistes détenus, notamment par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et les rapporteurs spéciaux des Nations unies et de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (ACHPR)
- Autoriser les médias indépendants
- Autoriser les médias étrangers à se rendre dans le pays
- Respecter les principes de la déclaration universelle des droits de l’homme ainsi que les textes régionaux et internationaux dont l’Erythrée est signataire comme le pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples