Réunion du quartet international sur la Libye : la protection des journalistes doit être une priorité

A l’occasion de la réunion à Bruxelles le 23 mai du quartet international sur la Libye, Reporters sans frontières (RSF) demande à ses représentants de faire du sujet de la protection des journalistes et des médias en Libye une priorité. L’impunité qui sévit dans les crimes commis contre les journalistes et les médias fait craindre la disparition l’information dans le pays.

Depuis trois ans, et la division du pouvoir politique entre l’Est et Ouest, la situation de la liberté de l’information en Libye n’a cessé de s’aggraver. Entre 2016 et 2017, trois journalistes (deux Libyens et un Néerlandais) ont été tués ; d’autres ont été victimes de kidnapping commeWiem Benzabia en janvier 2017, selon les chiffres de RSF. En mars dernier, la chaîne Annaba’a TV a été brûlée par une milice, et une liste de 80 journalistes a fuitée, mettant ainsi leur vie en danger.

RSF a créé en partenariat avec le Centre libyen pour la liberté de la presse (LCFP) une cellule de crise pour aider ces journalistes, victimes d’une chasse à l’homme dans le pays. Quarante d’entre eux ont pris la fuite en Turquie. Depuis 2011, l’organisation a dénombré plus d’une centaine de cas de journalistes exilés. De nombreux médias ont aussi fait le choix de l’exil. Le nombre d’entre eux émettant depuis l’étranger est en constante hausse.

« La situation est dramatique pour les journalistes libyens démunis face au peu d’engagements de la part des autorités pour protéger les journalistes des milices armées et autres partis au conflit libyen, déclare Sophie Busson, responsable du plaidoyer de RSF. Le rendez-vous diplomatique organisé par le quartet ce 23 mai sous l’égide de l’Union européenne doit permettre de discuter de la mise en place urgente de mesures visant à améliorer la situation de la liberté de l’information et de la presse en Libye avant que le pays ne se vide complètement de ses journalistes. Or, le processus politique qui vise à sortir de la crise qui secoue le pays depuis 2011 ne pourra aboutir sans l’existence d’une presse libre et indépendante en Libye. »

Reporters sans frontières (RSF) et le Libyan Center of Freedom Of speech (LCFP) appellent ainsi le Quartet sur la Libye à :

- à plaider auprès des autorités libyennes la mise en place de mesures de protection pour les journalistes et la conduite d’enquêtes impartiales, indépendantes et efficaces sur les cas de journalistes tués, torturés et disparus afin de traduire en justice les responsables de ces crimes et de renforcer la sécurité des journalistes, conformément à la Résolution 2222 du 2015 du Conseil de sécurité sur la protection des journalistes dans les conflits armés et au plan d'action de l'ONU sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité.

- permettre la fourniture d’une assistance directe aux journalistes et organisations qui les appuient.

- soutenir l’appel mondial de médias, journalistes et ONG pour la création d’un Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies sur la sécurité des journalistes qui permettra d’assurer la mise en œuvre concrète des engagements internationaux relatifs à la protection des journalistes.

La Libye est 164ème au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.