Région de Barents : le journalisme environnemental face à un climat de plus en plus hostile
Autour de la mer de Barents, l’une des parties du monde les plus riches en ressources naturelles, le journalisme constitue souvent la dernière ligne de défense de l’environnement. Mais les journalistes sont peu nombreux, et les entreprises polluantes n’hésitent pas, pour échapper aux enquêtes, à recourir à des méthodes agressives. Des lois répressives entravent aussi les investigations transnationales. Dans une vidéo et un rapport, Reporters sans frontières (RSF) examine l’état de la liberté de la presse et du journalisme environnemental dans les régions les plus septentrionales de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la Russie.
La région de Barents comprend le nord de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et le nord-ouest de la Russie. C’est l’une des régions du monde les plus généreuses en ressources naturelles, ce qui attire des entreprises et crée de la richesse, mais comporte des risques en matière d’écologie pour ce qui est de l’extraction du pétrole, du gaz naturel et de minéraux. Alors que le journalisme est traditionnellement l’une des dernières lignes de défense de l’environnement de la région, il évolue aujourd’hui dans un climat de plus en plus hostile.
Dans le rapport intitulé Blank Spots in the Barents Region, la section suédoise de RSF se penche sur les défis auxquels sont confrontés, dans cette région, les journalistes spécialistes des questions environnementales. Cette enquête repose sur des entretiens réalisés avec 12 journalistes couvrant les questions environnementales et climatiques – trois de chaque pays de la région de Barents –, et qui cumulent, à eux tous, près de 300 ans d’expérience professionnelle.
"Les menaces à l’encontre des journalistes spécialisés dans les questions de climat et d’écologie dans la région de Barents sont réelles. Il apparaît clairement que les grands conglomérats, les industriels et les décisionnaires ne reculeront devant rien pour mettre des bâtons dans les roues des journalistes enquêtant sur les impacts de la soi-disant transition verte et sur l’extraction des minéraux et des ressources naturelles.
Les conclusions de l’enquête de RSF montrent plusieurs tendances inquiétantes :
- les entreprises tentent de bloquer l’accès public à l’information en invoquant le secret industriel – une stratégie à laquelle ne résistent pas des autorités précautionneuses ;
- les organisations publiques, même dans les pays situés dans le peloton de tête au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF, sont sensibles à la pression politique et peuvent s’en prendre à l’indépendance éditoriale ;
- l’invasion de l’Ukraine par la Russie s’est accompagnée d’une attaque de la liberté de la presse à l’intérieur des frontières russes – ce qui a gravement compromis la possibilité d’une coopération journalistique transnationale ;
- les entreprises ciblent de plus en plus fréquemment des journalistes individuels, les qualifiant souvent d’« activistes » afin de discréditer leur travail.
Face à une crise climatique croissante, l’extinction d’espèces et une compétition accrue pour les métaux nécessaires à l’économie verte, le journalisme environnemental se révèle crucial pour préserver à la fois les intérêts environnementaux et le droit du public à l’information.
Bastions traditionnels de la liberté de la presse, la Norvège, la Suède et la Finlande doivent aujourd’hui s’assurer que les journalistes spécialisés dans les questions environnementales peuvent travailler sans entraves, tout en soutenant les journalistes russes subissant la répression du président Vladimir Poutine à l’encontre des médias indépendants.
Ce travail d’enquête a été réalisé avec le soutien de la Fondation Svea Green et l’Académie Folke Bernadotte. La vidéo et le rapport ne sont disponibles qu’en langue anglaise.