Reporters sans frontières a adressé une lettre de protestation au secrétaire général des Forces nouvelles (FN), le 18 avril 2005, après que quatre journalistes venus d'Abidjan ont été maltraités à Bouaké. « Rien ne justifie que des hommes en armes abusent de leur force et menacent impunément des journalistes », a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières a adressé une lettre de protestation au secrétaire général des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro, le 19 avril 2005, après que quatre journalistes venus d'Abidjan ont été maltraités à Bouaké, le 14 avril en fin d'après-midi.
« Reporters sans frontières vous demande de prendre au sérieux cet incident. Nous sommes conscients que, en Côte d'Ivoire, les haines politiques trouvent un écho privilégié dans une presse souvent partisane, a notamment écrit l'organisation dans sa lettre. Mais rien ne justifie que des hommes en armes abusent de leur force et menacent impunément des journalistes. Notre organisation a souvent eu l'occasion de dire que les violences contre la presse sont souvent le signe avant-coureur de violences politiques de plus grande ampleur. Or, puisque le silence des armes semble être de nouveau d'actualité en Côte d'Ivoire, il serait incompréhensible que le secrétaire général des FN ne réagisse pas publiquement à cette agression », a ajouté l'organisation.
Hamadou Ziao de L'Inter, Sylla Arouna de Soir'Info, Gbané Yacouba du journal Le Temps et David Youant du Courrier d'Abidjan ont été menacés par des membres des Forces nouvelles, après avoir couvert une rencontre entre les Forces Nouvelles (FN) et les Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (FANCI) à Bouaké.
Peu après la réunion du 14 avril, aux alentours de 17 heures, les quatre journalistes ont pris la route du sud, en direction de la zone gouvernementale. Selon Charles d'Almeida, rédacteur en chef de Soir'Info et de L'Inter, ils auraient été arrêtés en chemin par un véhicule des FN qui, après leur avoir barré la route, a ordonné à leur chauffeur, Didier Gragnon, de sortir de la voiture. Un homme en uniforme a alors pris le volant, conduisant les journalistes jusqu'au cimetière de la ville. Une demi-heure durant, les quatre journalistes ont été verbalement menacés par les hommes qui les ont escortés, leur ordonnant de se coucher à terre, de s'agenouiller et de regretter leurs écrits.
Interrogé par Reporters sans frontières, Gbané Yacouba a affirmé qu'un des hommes avait placé le canon de son arme sur sa tempe. « On va vous tuer, vous écrivez n'importe quoi sur nous, nous ne voulons plus vous voir à Bouaké, sinon on va vous tuer », lui aurait asséné l'homme. Les portables des quatre journalistes, que les FN avaient d'abord saisis, leur ont été restitués. Gbané Yacouba assure que tout son argent lui a été volé.
Le 14 avril 2005, les états-majors de l'armée ivoirienne et les Forces nouvelles se réunissaient à Bouaké pour relancer le processus de désarmement, une réunion qui devait marquer le début de l'application de l'accord de paix de Pretoria.