Reporters sans frontières est « effarée » par les abus de pouvoir perpétrés par deux épouses de présidents africains qui, par susceptibilité, s'en sont prises à des journalistes. "Nous demandons expressément, d'une part à Madame Lucy Kibaki de présenter ses excuses au cameraman qu'elle a frappé et, d'autre part, à Madame Stella Obasanjo de faire sortir au plus vite de prison le directeur de publication du Midwest Herald", a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières est « effarée » par les abus de pouvoir perpétrés par deux épouses de présidents africains qui, par susceptibilité, s'en sont prises à des journalistes.
« Nous sommes sidérés que des femmes de chefs d'Etat se laissent aller à de tels actes, qui ne sont que des règlements de comptes personnels. C'est pourquoi nous demandons expressément, d'une part à Madame Lucy Kibaki de présenter ses excuses au cameraman qu'elle a frappé et, d'autre part, à Madame Stella Obasanjo de faire sortir au plus vite de prison le directeur de publication du Midwest Herald. De telles ingérences ternissent l'image de ces pays », a déclaré l'organisation.
Le 2 mai 2005, Orobosa Omo-Ojo, directeur de publication du MidWest Herald, un journal de Lagos, a été arrêté sur l' ordre de Stella Obasanjo, la première dame du Nigeria. Le 2 mai, à 10 heures 30, sous le commandement de l'inspecteur Sunday Owolabi du département de police de l'Etat d'Ondo (Akure), les forces de sécurité ont fait irruption dans les bureaux du Midwest Herald et ont assiégé la rédaction pendant une heure, jusqu'à ce que Orobosa Omo- Ojo soit conduit à la prison d'Akure. Cette arrestation est intervenue après la publication d'un article paru la semaine précédente dans le Midwest Herald, intitulé « Greedy Stella » (Stella la vénale), qui mettait en avant certaines des activités de l'épouse du chef de l'Etat.
A l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, son mari, Olusegun Obasanjo, président du Nigéria et de l'Union Africaine (UA), s'est rendu à Dakar au sommet de l'UNESCO.
Le 2 mai également, peu avant minuit, Lucy Kibaki, la femme du président kenyan Mwai Kibaki, s'est rendue dans les locaux du principal groupe de presse kenyan, le Nation Media Group, accompagnée de six gardes du corps et du commandant de la police de Nairobi, Kingori Mwangi.
Madame Kibaki s'est invitée cinq heures durant dans la rédaction du quotidien The Nation pour protester contre la couverture médiatique « injuste » dont elle prétendait avoir fait l'objet le week-end précédent. Proférant des injures, la première dame du pays a fait confisquer les caméras, les carnets de notes et les téléphones mobiles de tous les journalistes de The Nation, jurant qu'elle ne quitterait pas les locaux tant que les auteurs des articles incriminés ne seraient pas arrêtés.
Clifford Derrick, cameraman de la télévision KTN (Kenya Television Network), filmait la scène. Alors, Lucy Kibaki s'est jetée sur lui, le giflant violemment en essayant vainement de lui arracher sa caméra.
Dans leur édition du 2 mai, plusieurs journaux, dont The Nation et The Standard, avaient relaté les tentatives de Madame Kibaki, dans la nuit du 29 avril, de faire cesser le tapage nocturne provoqué par la fête d'adieu de Makhtar Diop, directeur de la Banque mondiale au Kenya.
Dans son article intitulé Shame of First Lady, The Standard, un journal concurrent de The Nation, ajoutait que, n'ayant pas obtenu gain de cause, la première dame du pays s'était rendue au poste de police de Muthaiga pour porter plainte contre M. Diop. L'article précisait qu'elle y était allée en « tenue légère ».