Procès des assassins de Jaime Garzón : Reporters sans frontières est satisfaite du verdict
Le 10 mars, Carlos Castaño, chef des paramilitaires, a été condamné par contumace à 38 ans de prison par la justice colombienne pour l'assassinat, en août 1999, du journaliste et humoriste Jaime Garzón. Pour Reporters sans frontières, ce verdict est une bonne nouvelle, mais il ne représente pas encore la fin de l'impunité.
Le 10 mars 2004, Carlos Castaño, chef des Autodéfenses unies de Colombie (AUC, paramilitaires d'extrême droite), a été condamné par contumace à 38 ans de prison pour l'assassinat de Jaime Garzón, journaliste et humoriste de la station Radionet et de la chaîne Caracol TV. Le juge Julio Roberto Ballén Silva a également annoncé l'acquittement, pour manque de preuves, de Juan Pablo Ortiz et d'Edilberto Antonio Sierra, tous deux accusés d'être les exécutants du meurtre. Dans son jugement, Julio Roberto Ballén Silva a ordonné l'ouverture d'enquêtes pour "faux témoignages" contre Maria Amparo Arroyave Mantilla, Wilson Javier Llano Caballero, Maribel Jiménez Montoya, des témoins à charge contre Juan Pablo Ortiz et Edilberto Antonio Sierra, dont il est avéré qu'ils ont menti "dans le but de dévier l'enquête et d'obtenir que les véritables exécutants restent impunis". Ces témoins ayant tous été introduits par le DAS, le juge a également ordonné l'ouverture d'une enquête sur l'implication de dix fonctionnaires de cette institution. Parmi ceux-ci, figurent cinq hauts fonctionnaires, dont l'ancien directeur du DAS pour le département d'Antioquia et l'actuel sous-directeur national. Le juge Julio Roberto Ballén Silva a ordonné la réouverture de l'enquête sur l'assassinat de Jaime Garzón afin que les véritables auteurs matériels soient identifiés ainsi que les autres commanditaires potentiels. Rappel des faits
Jaime Garzón, journaliste et humoriste de la station Radionet et de la chaîne de télévision Caracol Televisión, a été abattu le 13 août 1999 à Bogotá par deux hommes à moto. Le 2 janvier 2002, le juge d'instruction en charge du dossier, Eduardo Meza, avait clos l'enquête. Celle-ci avait conclu à un assassinat commandité par Carlos Castaño, le chef des Autodéfenses unies de Colombie (AUC, paramilitaires) et exécuté par Juan Pablo Ortiz Agudelo, alias El Bochas, l'auteur des coups de feu, et Edilberto Antonio Sierra Ayala, alias Toño, le conducteur de la moto. Ces deux derniers avaient été arrêtés respectivement en janvier 2000 et septembre 2001. Un mandat d'arrêt a été délivré contre Carlos Castaño en juin 2000. Le mobile de l'assassinat serait la participation de Jaime Garzón dans des négociations en vue d'obtenir la libération de personnes enlevées par la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Le chef des paramilitaires aurait reproché au journaliste d'avoir fait ainsi le jeu de la guérilla mais également d'avoir touché de l'argent en échange de ses services. Certaines informations publiées par la presse font cependant mention de témoignages écartés par les enquêteurs qui mettaient en cause des militaires. Dans un communiqué publié le 9 décembre 2003, Reporters sans frontières déclarait : "Nous sommes extrêmement préoccupés par la possibilité que cette affaire aboutisse à une injustice alors que plusieurs témoignages retenus par l'accusation contre les deux suspects ne sont pas crédibles." "Nous sommes encore plus inquiets face à l'attitude du DAS et du parquet dans cette affaire qui maintiennent encore une version des faits largement démentie lors des audiences", ajoutait l'organisation, avant de conclure : "Il est indispensable qu'une enquête soit ouverte sur la possible manipulation des investigations par ces deux institutions."