Plusieurs hauts responsables de la police et du renseignement suspendus suite au scandale des écoutes téléphoniques
Reporters sans frontières demande des explications au président Álvaro Uribe, après que son ministre de la Défense Juan Manuel Santos a révélé, le 14 mai 2007, l'existence d'écoutes illégales de journalistes pratiquées depuis deux ans par les services de renseignements de la police nationale.
Le 14 mai 2007, le ministre de la Défense, Juan Manuel Santos, a reconnu publiquement que la police nationale interceptait illégalement depuis deux ans les appels de certains fonctionnaires du gouvernement, de membres de l'opposition ainsi que de journalistes. "Ces espionnages téléphoniques sont indignes d'un État démocratique. Ils violent les libertés fondamentales garanties par la Constitution et le principe de la protection des sources, sans lequel l'exercice du journalisme devient impossible. Les démissions ne suffisent pas. Nous demandons des explications au président Alvaro Uribe et de deux chose l'une : soit il était au courant de ces pratiques et il devra s'en expliquer devant le Congrès, soit il les ignorait et certains rouages de l'État qui échappaient à son contrôle doivent être réorganisés en profondeur", a déclaré Reporters sans frontières. La déclaration du ministre de la Défense a eu lieu après que le journal Semana a rendu publics des enregistrements révélant que des délits étaient planifiés depuis la prison de Itagüí, où sont incarcérés certains chefs paramilitaires. Juan Manuel Santos dit avoir pris connaissance des écoutes le 13 mai 2007, lorsque lui ont été remis une liste contenant des données sur les paramilitaires incarcérés mais toujours en activité, ainsi que des numéros de téléphone de certains journalistes, parlementaires et agents du gouvernement. Une des conversations enregistrées concernait la journaliste Claudia Gurisatti, de la chaîne de télévision privée RCN, et le président du Pôle démocratique alternatif (opposition de gauche), Carlos Gaviria. Après avoir assuré qu'aucun service de l'État n'avait effectué ces enregistrements, le gouvernement a reconnu que la Direction des services secrets de la police (Dipol) enregistrait effectivement certaines conversations et pistait les médias. Le directeur de la Dipol, Guillermo Chaves, a présenté sa démission, qui a été acceptée. Le directeur de la police nationale, Jorge Daniel Castro, a été démis de ses fonctions et remplacé. Onze autres généraux de la police nationale ont également été licenciés. Juan Manuel Santos a déclaré que les fonctionnaires ayant intercepté les appels n'avaient pas encore été indentifiés, mais que les investigations aboutiraient.