Plus de 100 journalistes tués à Gaza en six mois, un territoire bloqué : où est la communauté internationale ?
Depuis le 7 octobre 2023, plus de 105 journalistes ont été tués par l’armée israélienne à Gaza dont au moins 22 dans l’exercice de leurs fonctions. Gaza reste inaccessible, sous bombardements quotidiens et les évacuations de professionnels des médias se font au compte-goutte. Reporters sans frontières (RSF) appelle une nouvelle fois la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour protéger le journalisme palestinien et à intensifier les pressions sur Israël pour que cesse ce massacre.
“La protection.” C'est la réponse sans équivoque partagée par les journalistes gazaouis qui ont témoigné à RSF de ce dont les reporters ont le plus besoin aujourd’hui à Gaza. Depuis le 7 octobre, ils vivent dans la terreur quotidienne, comptabilisant les décès de leurs proches et de leurs collègues – à ce jour, au moins 105 journalistes ont été tués par des tirs ou des frappes israéliennes à Gaza selon les chiffres de RSF dont au moins 22 dans l’exercice de leurs fonctions.
Malgré les appels répétés des ONG, comme RSF, à l’ouverture de la porte de Rafah, seuls des journalistes embarqués par Tsahal ont pu entrer dans Gaza, circonscrits à couvrir les zones autorisées par Israël. Seuls quelques journalistes gazaouis ont pu être évacués.
“Six mois de guerre, six mois de trop où plus de 100 journalistes ont été tués à Gaza. Ce massacre doit cesser. Les reporters de Gaza doivent être protégés. Ceux qui le souhaitent doivent être évacués et les portes du territoire doivent être ouvertes aux médias internationaux. Les rares reporters qui ont pu sortir témoignent d’une même réalité terrifiante : celle de journalistes attaqués, blessés, tués… L’armée israélienne réduit au silence ceux qui sont mus par le devoir d’informer. RSF appelle la communauté internationale, ses dirigeants et ses gouvernements, à tout faire pour renforcer la pression sur les autorités israéliennes pour qu'elles stoppent ce désastre. Le journalisme palestinien doit être protégé de toute urgence.
Parmi les journalistes évacués de Gaza, RSF a pu rencontrer à Doha Waël al-Dahdouh, journaliste emblématique d’Al Jazeera, Mahmoud al-Hams, correspondant de l’Agence France-Presse (AFP), Ola al-Zaanoun, correspondante de RSF, et son fils Moussa al-Zaanoun, journaliste indépendant. Ils témoignent des risques encourus pour poursuivre leur mission d’informer dans un contexte de fermeture totale du territoire. “Nous sentions que c’était à nous de transmettre l’information au monde entier”, explique Ola ; un sentiment partagé par Moussa al-Zaanoun. “Chaque jour, un journaliste est tué ou blessé, raconte le reporter de 24 ans. J’avais toujours peur de perdre mon père, ma mère et ma propre vie. Mais j’ai compris que c’était mon devoir de raconter ce qui se passait.”
Pour ces reporters, évacués de Gaza entre janvier et février, la crainte d’être la cible d’une frappe israélienne était devenue omniprésente, au point que les civils craignaient de se retrouver à leurs côtés. C’est ce que raconte Mahmoud al-Hams, photojournaliste de l’AFP. “Certaines personnes, lors de l’évacuation de la ville de Gaza [en Octobre], ne voulaient pas que je sois à leurs côtés, de peur que je sois ciblé en tant que journaliste. D’autres ont refusé de nous louer des maisons pour nous loger, pour travailler, pour nous reposer, parce qu'ils avaient la conviction inébranlable que tous les journalistes de Gaza étaient des cibles."