Pakistan : RSF demande la libération de deux journalistes emprisonnés après avoir protesté contre une intrusion de la police dans un club de la presse
Deux journalistes ont été envoyés en prison, après avoir protesté contre l’irruption de la police dans les locaux du club de la presse de Dera Ghazi Khan, dans la province du Pendjab. Reporters sans frontières (RSF) demande la libération immédiate de Sher Afgan, journaliste pour la chaîne de télévision Bol News, et de Ghulam Mustafa, président de l'Anjuman-e-Sahafyan (Union des journalistes) et correspondant du journal Daily Ausaf.
Le président du club de la presse et journaliste de la chaîne de télévision Bol News, Sher Afgan, et le président de l'Anjuman-e-Sahafyan (Union des journalistes) et correspondant du journal Daily Ausaf, Ghulam Mustafa, ont été arrêtés le 7 mai, dans la ville de Dera Ghazi Khan, au centre du pays.
Les deux journalistes ont été placés en détention après avoir protesté contre l’intrusion de la police dans les locaux du club de la presse, lors d’une conférence de partisans du Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), parti de l’ancien Premier ministre Imran Khan emprisonné depuis août 2023 .
“L’incarcération d’Afgan et de Mustafa pour avoir protesté contre cette intrusion de la police est une mesure inacceptable. Il ne s’agit ni plus ni moins que de représailles détournées, pour les sanctionner de la tenue d’une conférence d’un parti d’opposition au club de la presse. Les médias dans leur ensemble au Pakistan subissent régulièrement des pressions et pour ne pas couvrir ce parti politique, un ordre de censure qui a été ordonné au plus haut niveau. RSF demande la libération immédiate des deux journalistes et exhorte la police à ne pas interférer dans les activités du club de la presse.
Le représentant de RSF au Pakistan a visionné des vidéos de l'intrusion de la police au club de la presse : des policiers ont demandé aux dirigeants locaux du PTI de cesser leur conférence de presse. Les deux journalistes Sher Afgan Buzdar et Ghulam Mustafa Lashari ont protesté face forces de l’ordre leur signifiant qu’elles étaient en train de “violer le sanctuaire du club de la presse”.
À la demande de la police, le préfet du district a émis des ordres de détention à l'encontre des deux journalistes, pour une durée de 30 jours à compter du 7 mai, en vertu de la loi sur le maintien de l'ordre public.
“Ces deux journalistes sont en prison pour la simple raison qu'ils ont essayé de faire respecter le sanctuaire du club de la presse, où chacun est autorisé à s'exprimer et à exprimer ses griefs contre quiconque, y compris le gouvernement”, a déclaré à RSF Asfan Junaid Lashari, le fils de Mustafa Lashari.
Farid Khosa, président par intérim du club de la presse de Dera Ghazi Khan, a quant à lui précisé à RSF que la police utilisait des prétextes pour justifier la détention des deux journalistes : “En réalité, la police est mécontente du fait que le club de la presse ait permis à des dirigeants du Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) d’utiliser ses locaux”.
Quelques jours plus tard, le 18 mai, c’est le club de la presse de Quetta, ville de l’est du pays, qui a été assiégé par la police locale pour empêcher les membres d'une organisation baloutche de protester lors d’une conférence de presse contre des cas de disparitions forcées.
Le Pakistan occupe la 152e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2024 par RSF.