Pakistan : le reporter Mirza Waseem Baig assassiné pour ses enquêtes sur des racketteurs
Correspondant pour une chaîne de télévision dans la province du Pendjab, est du Pakistan, le journaliste avait signé plusieurs reportages qui dénonçaient les agissements d’un groupe mafieux, spécialisé dans l’extorsion de fonds.
Le journaliste Mirza Waseem Baig, correspondant de la chaîne 92 News dans la ville de Sarai Alamgir, à 120 kilomètres au sud-est d’Islamabad, a trouvé la mort sur le chemin de l’hôpital, le 30 août dernier, après que trois hommes lui ont tiré six balles à bout portant devant chez lui.
L’officier de police en charge de l’enquête, Ameer Abbas, a confirmé auprès de RSF le mobile des assassins : “Le reporter avait diffusé plusieurs reportages sur eux qui leur ont déplu, alors ils l’ont tué et se sont enfuis.” Une version confirmée par l’épouse du journaliste, Safia Waseem, qui a affirmé à RSF avoir dû déménager vers un endroit plus sûr après que sa famille a reçu des menaces à la suite du meurtre de son mari.
Les auteurs de l’assassinat de Mirza Waseem Baig seraient liés à un groupe mafieux spécialisé dans l’extorsion de fonds auprès d’élus locaux, comme le dénonçait le journaliste dans plusieurs reportages, toujours disponible sur sa page Facebook.
“Nous appelons le Premier ministre de l’Etat du Pendjab à tout mettre en œuvre pour retrouver les commanditaires de ce crime odieux, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous appelons aussi le gouvernement fédéral et le législateur à mettre au point au plus vite une loi garantissant la protection des journalistes et la lutte contre l’impunité, afin d’enrayer la spirale de violence à laquelle sont confrontés les reporters du pays.”
Pôles de sécurité
Dans la même province du Pendjab, le 11 septembre dernier un autre reporter, Zafar Abbas, a été retrouvé assassiné, au fond d’un puit, quatre jours après avoir été porté disparu. L’enquête est actuellement au point mort. Au moins trois autres journalistes de la région ont été assassinés dans l’exercice de leur fonction depuis le début de l’année 2019.
Afin de pallier les carences des autorités pakistanaises en matière de sécurité des journalistes, RSF a contribué avec son partenaire local, à la création de pôles de sécurité des journalistes (Safety Hubs) sur tout le territoire. Composées de journalistes locaux, ces structures permettent d’apporter une assistance adaptée aux journalistes qui se sentent menacés dans la pratique de leur métier.
Le Pakistan figure à la 142e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse de 2019.