Nicaragua : deux journalistes critiques du régime d’Ortega arrêtés et accusés de “terrorisme”

Le propriétaire de la chaîne d’information 100% Noticias et sa directrice de la rédaction ont été arrêtés avant d’être accusés de “terrorisme”. Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités nicaraguayennes à cesser sa répression contre les médias indépendants et de libérer immédiatement les deux journalistes.


Deux des plus hauts responsables de 100% Noticias, une chaîne d’information continue nicaraguayenne diffusée sur le câble, se retrouvent accusés de “terrorisme” et de “conspiration”. Arrêtés dans la soirée du vendredi 21 décembre 2018 après l’irruption d’une quarantaine de policiers anti-émeutes armés dans les locaux de la chaîne, le directeur du média Miguel Mora et la directrice de l'information Lucia Pineda Ubau ont également été accusés “d’incitation à la haine envers l’institution de l’ordre public, la police nationale”.


Quelques heures après l’arrestation des deux journalistes, l’organe national de régulation des télécoms, la Telcor, a demandé à tous les opérateurs de télévision du pays le retrait du signal de la chaîne 100 % Noticias, qui avait été l’un des médias les plus en pointe dans la couverture de la crise que traverse le Nicaragua depuis le début des manifestations antigouvernementales en avril dernier.


Miguel Mora et son épouse la journaliste Veronica Chavez, qui a également été arrêtée avant d’être relachée, étaient harcelés et menacés  de mort par la police depuis plusieurs semaines. Ces arrestations constituent le dernier épisode d’une vaste offensive du pouvoir contre les organisations de défense des droits de l’homme, les opposants et la presse indépendante. La semaine dernière, c’est le média d’information Confidencial qui était dans le collimateur du pouvoir et qui a vu ses locaux saccagés par les policiers anti-émeutes.


“Le régime du président Daniel Ortega s’enfonce dans une escalade autoritaire répressive extrêmement inquiétante, s’alarme le bureau Amérique latine de RSF. Couvrir la réalité d’une opposition politique ne peut, en aucun cas, être assimilé à des actes de terrorisme. Les journalistes  Miguel Mora et Lucia Pineda Ubau n’ont rien à faire derrière les barreaux, les accusations qui pèsent contre eux sont totalement absurdes et infondées. Ils doivent être libérés au plus vite.”


Constatant une intensification de la censure et des attaques contre la presse indépendante depuis le mois de novembre, RSF a saisi le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, la semaine dernière, pour lui demander d’intervenir auprès du président Ortega pour restaurer au plus vite le respect de la liberté de la presse au Nicaragua.


Le Nicaragua est classé 90e au Classement mondial de la liberté de la presse 2018 publié par RSF.

Publié le
Updated on 24.12.2018