Plus de 2 300 journalistes chinois ont signé un appel adressé à la Haute Cour de justice du Guangdong (sud de la Chine) démontant point par point les accusations de détournements de fonds qui ont valu à Yu Huafeng (photo) et Li Minying d'être condamnés respectivement à huit et six ans de prison. Reporters sans frontières demande à la justice chinoise d'entendre cet appel pressant des familles et des collègues des deux anciens dirigeants du Nanfang Dushi Bao.
La Haute Cour du Guangdong (Sud) a rejeté, le 20 juillet 2005, l'appel déposé par Yu Huafeng, ancien directeur du quotidien Nanfang Dushi Bao, affirmant que le journaliste n'a présenté « aucune nouvelle preuve substantive ». Son avocat avait formulé cette requête en novembre 2004. Ses proches auraient choisi de ne pas porter l'affaire au niveau du gouvernement central. La justice n'a pour l'instant donné aucune réponse sur la demande déposée par Li Minying, un autre ancien dirigeant du Nanfang Dushi Bao.
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30.06.2005
Mobilisation sans précédent pour obtenir la libération des journalistes Yu Huafeng et Li Minying
Reporters sans frontières salue la mobilisation de 2 356 journalistes chinois qui ont signé une pétition demandant la libération de leurs confrères Yu Huafeng et Li Minying, dirigeants du quotidien Nanfang Dushi Bao, injustement emprisonnés depuis plus d'un an à Canton (sud de la Chine).
« Après la libération de Cheng Yizhong, nous avons tous espéré que ses collègues seraient également relâchés. Mais les autorités de la province de Guangdong s'entêtent à maintenir en détention deux responsables d'un des quotidiens les plus libéraux et les plus respectés de Chine populaire. La Haute Cour de justice du Guangdong doit entendre l'appel pressant des familles et des collègues de Yu Huafeng et de Li Minying, détenus à la suite d'une cabale qui repose sur des accusations mensongères de détournement de fonds », a affirmé Reporters sans frontières.
Plus de 2 300 journalistes chinois ont signé un appel adressé à la Haute Cour de justice du Guangdong (sud de la Chine) démontant point par point les accusations de détournement de fonds qui ont valu à Yu Huafeng et Li Minying d'être condamnés respectivement à huit et six ans de prison. Les journalistes pétitionnaires affirment que leurs confrères n'ont fait que distribuer des primes à certains employés, liées aux revenus publicitaires en forte croissance du Nanfang Dushi Bao. Selon de nombreux témoignages, des officiels ont monté de toutes pièces ce procès pour punir les responsables de ce quotidien libéral qui avait publié une série d'enquêtes sur le SRAS et sur le décès d'un jeune graphiste, Sun Zhigang, battu à mort dans un commissariat de Canton.
L'appel commence ainsi : « Nous sommes journalistes du Nanfang Dushi Bao (Nouvelles de la métropole du Sud), Xinjing Bao (Nouvelles de Pékin), Di Yi Cai Jing Ribao (Premier Quotidien financier), Xin Wen Wan Bao (Nouvelles du Soir), Shanghai Qingnian Bao (Quotidien de la jeunesse de Shanghai), de Sina.com et de Sohu.com. Nous sommes d'anciens collègues de Yu Huafeng et Li Minying, deux des principaux accusés dans l'affaire du Nanfang Dushi Bao. Nous envoyons cette lettre sur la base des faits et des opinions suivants : Nous pensons qu'il s'agit d'une injustice et que Yu Huafeng et Li Minying sont innocents (…). Nous croyons fermement que c'est une question de temps avant que la justice reprenne ses droits. Et nous pensons que le plus tôt sera le mieux. »
Cette lettre ouverte circule sur Internet alors que les familles des deux patrons de presse sont toujours en attente d'une réponse de la Haute Cour du Guangdong à leur demande de libération. L'avocat de Yu Huafeng a expliqué à Reporters sans frontières que cette requête avait été formulée au nom de son client le 12 novembre 2004, mais que la justice n'avait donné aucune réponse. De son côté, la famille de Li Minying a saisi la justice en janvier 2005, mais, elle non plus, n'a pas reçu de réponse.
Les deux journalistes sont détenus dans la prison de Panyu à Canton. Selon leurs familles, ils sont bien traités. Ils peuvent se parler régulièrement et téléphoner à leurs proches.
En avril 2005, l'Unesco avait attribué son prix Guillermo Cano pour la liberté de la presse à Cheng Yizhong, rédacteur en chef du Nanfang Dushi Bao, qui avait été impliqué dans la même affaire que Yu Huafeng et Li Minying. Dans un discours de remerciement, le célèbre journaliste chinois, empêché par la police de recevoir en mains propres son prix au Sénégal, avait demandé la libération de ses deux collègues.