Reporters sans frontières est écœurée d'apprendre que Microsoft censure la version chinoise de son outil de blog : les mots "démocratie" ou "Dalaï Lama" sont par exemple refusés automatiquement par le système. Après Yahoo !, voici un deuxième géant américain d'Internet qui accepte de s'autocensurer.
Reporters sans frontières est écœurée d'apprendre que Microsoft censure la version chinoise de son outil de blog (MSN spaces) : les mots "démocratie" ou "Dalaï Lama" sont par exemple refusés automatiquement par le système. Après Yahoo !, voici un deuxième géant américain d'Internet qui capitule face aux autorités chinoises et accepte de s'autocensurer.
"Le manque d'éthique de ces entreprises est extrêmement préoccupant. Leurs dirigeants justifient souvent leur collaboration à la censure chinoise en expliquant qu'ils ne font que se plier à la législation locale. Est-ce à dire que si Pékin demandait à Microsoft de fournir des informations sur les cyberdissidents chinois qui utilisent ses services, celui-ci accepterait sous prétexte que c'est 'légal' ? Nous estimons que cet argument ne tient pas et que ces multinationales doivent respecter certains principes déontologiques universels.", a déclaré l'organisation.
Comme Reporters sans frontières a pu le vérifier, et comme cela avait été annoncé par plusieurs agences de presse, lorsqu'un blogger chinois tente de publier un message contenant des termes tels que "démocratie", "Dalaï Lama", "Falungong", "4 juin" (date du massacre de la place Tiananmen en 1989), "Chine + corruption", ou "droits de l'homme", la phrase suivante s'affiche : "Ce message contient une expression interdite, veuillez supprimer cette expression." Habituellement, sur les forums ou les blogs hébergés en Chine, tous les messages s'affichent, mais les mots interdits sont automatiquement remplacés par des espaces vides.
La version chinoise du portail MSN, ainsi que son outil de blog, ont été lancés par une joint venture entre Microsoft et une entreprise locale contrôlée par l'Etat, Shangaï Alliance Investment Ltd (SAIL).
Les autorités chinoises tentent d'imposer l'autocensure à tous les moteurs de recherche et outils de blog qui cherchent à s'implanter sur son territoire. Yahoo !, le premier, a accepté de retirer de ses résultats de recherche toute information "subversive". Malgré les demandes répétées de Reporters sans frontières, la direction de cette entreprise n'a jamais voulu entamer un dialogue sur ce sujet.
Google, qui a pour l'instant refusé de censurer son outil de recherche, semble aujourd'hui sur le point de faire marche arrière. Suite à l'annonce faite par cette entreprise de l'ouverture d'un bureau en Chine, Reporters sans frontières a écrit à ses deux fondateurs, Larry Page et Sergey Brin, pour leur demander de répondre clairement à cette question : "Accepterez-vous de censurer votre moteur de recherche si cela vous est demandé par Pékin ?" Google n'a jamais répondu.
Reporters sans frontières avait également écrit, en décembre 2003, au P.-D.G et au fondateur de Microsoft, Steven A.Ballmer et Bill Gates, pour les alerter sur leur responsabilité en matière de liberté d'expression, notamment dans un pays comme la Chine. Cet appel, comme les autres, est resté sans réponse.