Mexique : sept ans après l'assassinat de Miroslava Breach, RSF et Propuesta Cívica appellent les candidats à la présidentielle à s'engager dans la lutte contre l'impunité des crimes commis contre les journalistes
La journaliste Miroslava Breach, connue pour ses reportages sur l’influence du crime organisé dans l'administration publique de l'État de Chihuahua, a été tuée le 23 mars 2017. Un crime qui reste impuni à ce jour. En quête de justice, Reporters sans frontières (RSF) et son partenaire local Propuesta Cívica (PC) exigent des engagements de la part des candidats à la présidence du Mexique pour lutter contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes.
À l'occasion du septième anniversaire de l'assassinat de la journaliste mexicaine Miroslava Breach, tuée devant son domicile en 2017 dans l'État de Chihuahua, RSF et son partenaire local, Propuesta Cívica, ont lancé un appel à la justice aux trois candidats à l'élection présidentielle mexicaine, prévue le 2 juin prochain.
Les deux femmes politiques Claudia Sheinbaum Pardo, du parti Morena, et Xóchitl Gálvez, de la coalition Fuerza y Corazón por México, ainsi que Jorge Álvarez Máynez, candidat du Movimiento Ciudadano, ont reçu un rapport faisant état d'une impunité systémique dans les affaires de crimes contre les journalistes dans le pays, dont le meurtre de de Miroslava Breach est emblématique. Si certains protagonistes de ce drame ont été condamnés, les commanditaires de cet assassinat n’ont toujours pas été inquiétés.
"L'assassinat de Miroslava est l'un des cas les plus emblématiques de violence contre les journalistes au Mexique ces dernières années. À l'occasion de l'anniversaire de sa mort, nous voulons rendre hommage à son travail de journaliste et appeler ceux qui entendent diriger le pays à faire de la lutte contre l'impunité des crimes contre les journalistes une priorité. Dans ce pays où le nombre de journalistes tués est le plus élevé d’Amérique latine, le futur président doit s'engager à protéger les professionnels de l’information et à ce que justice soit rendue dans des affaires trop souvent mises de côté ou partiellement traitées.
Miroslava Breach, qui travaillait pour les journaux La Jornada et Norte de Ciudad Juárez, a été assassinée à l'âge de 54 ans pour avoir dénoncé les liens entre des groupes politiques de l'État de Chihuahua et des cartels dans le cadre d'élections locales. En 2020, une première condamnation a été prononcée contre l'un des auteurs du crime, Juan Carlos Moreno Ochoa, dit "El Larry", condamné à 50 ans de prison. En 2021, l'ancien maire de Chínipas, Hugo Amed Schultz, a également été condamné à 8 ans de prison pour son implication dans la mort de Miroslava. Cependant un grand nombre de personnes impliquées dans la planification et l'exécution de la mort de la journaliste sont toujours en liberté et la famille de la journaliste n'a reçu aucune réparation de la part de l'État mexicain.
"L’affaire Miroslava a marqué l'histoire du journalisme mexicain, en raison, non seulement de l’importance de son travail d’investigation, mais aussi des circonstances qui ont entouré son assassinat : implication de fonctionnaires, de politiciens et d'acteurs du crime organisé ; freins à l’enquête au niveau du bureau du procureur ; menaces envers la famille de la journaliste... Et sept ans plus tard, le crime reste impuni. Deux condamnations ne suffisent pas. Tous les responsables de son assassinat n'ont pas été traduits devant les tribunaux mexicains, le cerveau et l’un des auteurs sont toujours en liberté et la famille de la victime n'a pas été indemnisée pour ce grave crime.
Le 23 mars, un hommage sera rendu à Mexico pour saluer l'excellence et l'importance de la contribution de Miroslava Breach au journalisme mexicain. Sa carrière sera évoquée lors d'un événement avec des collègues journalistes et des organisations internationales, ainsi qu'une exposition des enquêtes qu'elle a publiées au cours de sa vie.
Le Mexique est le pays qui tue le plus de journalistes en Amérique latine. Au cours de la dernière décennie, 72 journalistes ont été assassinés et, dans plus de 90 % des cas, les auteurs n'ont pas eu à répondre de leurs actes.