Menaces sur l’information en ligne dans le Tamaulipas
Organisation :
Les autorités de l’Etat du Tamaulipas seraient à l’origine d’intimidation et de plusieurs campagnes de discrédit à l’encontre de journalistes et de net-citoyens de cette région du Mexique.
Le blogueur connu sur Twitter comme @MrCruzStar, l’un des utilisateurs majeurs du réseau #Reynosafollow qui diffuse très régulièrement des informations relatives au crime organisé, a dénoncé le 21 juillet 2014 une campagne de diffamation et des menaces à son encontre sur les réseaux sociaux. @MrCruzStar, qui utilise également le surnom “Chuy News” pour protéger son identité, est accusé par des utilisateurs anonymes d’être à la tête des “halcones” (faucons) - personnes qui informent les narcotrafiquants sur les agissement des forces de l’ordre - et d’organiser des rassemblements de membres du crime organisé de Reynosa. Le 22 juillet 2014, un utilisateur a publié une photo, affirmant que c'était Chuy News et risquant ainsi son anonymat. Interrogé par Reporters sans frontières, il a affirmé que ces menaces font suite à des articles critiques des actions anti-narcotrafic des autorités du Tamaulipas et du gouvernement mexicain.
La journaliste Julia Le Duc, correspondante du site d’informations La Jornada, est elle aussi au cœur de la même campagne de discrédit sur Internet, diffusée par les mêmes utilisateurs. Enfin, une série de menaces a forcé la fermeture du compte Twitter #VigilantesM, également actif sur le réseau pour fournir des informations relatives à la sécurité publique de Tamaulipas.
“Reporters sans frontières condamne fermement ces intimidations, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de Reporters sans frontières. Le premier pas vers le combat contre la corruption réside dans une information fluide et indépendante : le gouvernement mexicain doit impérativement prendre des mesures pour protéger ceux qui font vivre l’information.”
Dans le Tamaulipas, État particulièrement touché par le narcotrafic, les journalistes ont été réduits au silence. Les graves menaces pesant sur la presse locale ont eu pour effet de déplacer le noyau de l’information sur la toile, notamment sur les réseaux sociaux. Malheureusement, les menaces ont suivi et les net-citoyens en sont devenus les cibles. L’assassinat revendiqué de María Elizabeth Macias, blogueuse influente retrouvée décapitée le 24 septembre 2011 dans le Nuevo Laredo, est malheureusement représentatif du climat tendu à l’extrême dans les régions gangrénées par le narcotrafic. Près de son corps, les tueurs avaient laissé le message “Voilà où m’ont menée mes reportages et ceux des autres”. Reporters sans frontières a recensé six assassinats de journalistes dans les deux dernières années. Le Mexique, 152e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2014, est un des pays les plus meurtrier pour la profession.
Publié le
Updated on
20.01.2016