Maroc : l’acharnement contre le journaliste emprisonné Soulaimane Raissouni doit cesser

Après un transfert non justifié loin de sa famille, la saisie de ses carnets, le journaliste marocain Soulaimane Raissouni, victime d’une détention arbitraire depuis 4 ans, se voit désormais confisquer ses lettres adressées à ses proches et soutiens. Reporters sans frontières (RSF) s’alarme d’une nouvelle violation des droits fondamentaux du journaliste et réitère son appel à sa libération.



 

Une nouvelle lettre confisquée. Alors qu’il souhaitait transmettre sa réponse à une missive envoyée par l’écrivain et romancier ukrainien Andreï Kourkov dans le cadre de la campagne des écrivains emprisonnés lancée par PEN International, le journaliste Soulaimane Rassouni détenu à la prison de Ain Borja à Casablanca, s’est vu confisquer ce droit élémentaire de correspondre avec l’extérieur. C’est ce que révèle des membres de la famille du rédacteur en chef du quotidien Akhbar al Yaoum, condamné le 24 février 2021 par la cour d’appel de Casablanca à cinq ans de prison. 

Pour protester contre une accumulation de violation de ses droits les plus élémentaires, le journaliste a entamé une grève de la faim selon un communiqué de sa famille, inquiète pour sa santé. “Les mesures arbitraires et dégradantes qu’il subit se succèdent, déclare-t-elle dans un communiqué adressé à RSF. Exemple : la confiscation et la destruction de ses livres et des lettres échangées avec le journaliste Omar Radi, lui-aussi détenu d’opinion. Cela s’ajoute à l’impossibilité pour lui de mener à bien un projet de roman, et la manie dégradante des gardiens de le filmer à moitié nu à l’intérieur de l’établissement pénitentiaire.”

La situation de Soulaimane Raissouni ne peut plus continuer. Face à l'acharnement de mesures répressives contre lui en prison, il risque aujourd’hui sa vie. Le mépris des autorités pénitentiaires à l’égard des droits les plus élémentaires du journalistes est inadmissible. La communauté internationale doit intensifier ses efforts pour garantir que Soulaimane Raissouni soit traité avec dignité et respect. RSF appelle également à sa libération par le biais d'une grâce royale.

Khaled Drareni
Représentant de RSF en Afrique du Nord

Victime d’un acharnement de la part des autorités pénitentiaires marocaines, Soulaimane Raissouni avait déjà subi ces affres lors de son transfert de la prison de Oukacha à Casablanca vers celle d’Aïn Borja, située plus loin pour les membres de sa famille. Durant ce transfert surprise, des gardiens de prison ont, en outre, saisi de nombreux documents préparatoires du futur roman qu’écrivait Soulaimane Raissouni et ont déchiré plusieurs de ses livres et notes. RSF avait déjà dénoncé à l’époque des méthodes inadmissibles violant les droits du journaliste.  

La Cour de cassation marocaine a décidé le 18 juillet dernier à Rabat de rejeter les pourvois en cassation introduits par Soulaimane Raissouni et son confrère Omar Radi. Une décision maintes fois reportée. RSF a demandé au roi Mohamed VI de leur accorder la grâce royale à l’occasion de la fête du trône célébrée le 30 juillet. 

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