La télévision gouvernementale pakistanaise a diffusé un reportage mensonger accusant les trois journalistes d'avoir truqué leur enquête. En réponse, des dizaines de journalistes français, notamment du journal Le Monde et des chaînes de télévision TF1 et France 2, ont témoigné auprès des autorités pakistanaises des qualités professionnelles de Khawar Mehdi Rizvi.
Les reporters français de L'Express, Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau, et leur journaliste-interprète, Khawar Mehdi Rizvi, entament leur deuxième semaine de détention à Karachi. Le journaliste pakistanais est toujours détenu au secret par les forces de sécurité. Alors qu'un reportage mensonger a été diffusé par la télévision gouvernementale PTV, des journalistes français ont exprimé leur soutien à Khawar Mehdi Rizvi.
Reporters sans frontières demande au gouvernement pakistanais de respecter ses engagements en faveur de la liberté de la presse en libérant les trois journalistes. L'organisation s'étonne des débordements de certains journalistes et éditorialistes pakistanais qui mettent en cause l'intégrité professionnelle des trois journalistes. Reporters sans frontières ne peut qu'inciter la presse pakistanaise à enquêter de manière indépendante sur cette affaire et à défendre la liberté de la presse pour les journalistes pakistanais et étrangers. Il semble maintenant évident que les autorités détiennent au secret Khawar Mehdi Rizvi pour l'empêcher de donner sa version des faits.
La télévision pakistanaise a diffusé les 20 et 21 décembre, un reportage affirmant que Khawar Mehdi Rizvi avait payé des figurants afghans pour faire semblant d'être des taliban à l'entraînement. Le journaliste apparaît pendant le reportage, mais on ne lui laisse à aucun moment la possibilité de se défendre. Selon plusieurs sources, le reportage de PTV mélange de manière grossière des images tournées par les journalistes, des reconstitutions et de faux témoignages.
Les autorités avaient organisé un voyage de presse à Quetta (ouest du pays) avant le 20 décembre pour mettre en place cette campagne de presse diffamatoire contre les trois journalistes.
En revanche, plusieurs rédactions, grands reporters et associations de journalistes ont demandé la libération des trois journalistes. L'Association de la presse diplomatique française et Asia Presse, qui regroupe les journalistes français spécialistes de l'Asie, ont demandé la libération de ces journalistes expérimentés. Des grands reporters des quotidiens français Le Monde et Libération et des chaînes de télévision TF1 et France 2 ont témoigné auprès des autorités pakistanaises des qualités professionnelles de Khawar Mehdi Rizvi.
Reporters sans frontières tient à rappeler que Khawar Mehdi Rizvi est un journaliste indépendant qui a collaboré avec de nombreux médias étrangers, notamment français. Il est connu pour avoir toujours refusé le sensationnalisme de certains médias occidentaux. Dans une interview publiée dans le magazine français Médias, il affirmait : "Je refuse certaines propositions, et l'argent n'a rien à voir là-dedans." Par ailleurs, M. Rizvi, l'un des responsables de l'organisation Journalists Ressource Center, a récemment organisé à Islamabad un séminaire de formation pour les journalistes de l'Union des journalistes des zones tribales avec le FATA Development Network. Son action en faveur des populations défavorisées d'Afghanistan, l'a également conduit à mener à bien un projet de centre de santé à Peshawar, le Aziza Health Center.
Par ailleurs, Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau ont mené une brève grève de la faim pour protester contre le traitement qui leur est réservé. Dans une lettre rendue publique par leur avocat, les journalistes déclarent qu'ils n'ont "fait qu'exercer leur travail" et qu'ils ne comprennent pas pourquoi ils sont "traités comme des criminels". Ils sont détenus dans un pavillon spécial de la prison centrale de Karachi où leur avocat et des diplomates français peuvent leur rendre visite régulièrement.
L'avocat de Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau, Nafees Siddiqi, a fait appel le 22 décembre du refus de libération sous caution devant la Haute cour du Sind. Le verdict n'a pas encore été prononcé. Les journalistes restent accusés de violation du Foreigners Act de 1946 qui prévoit une peine maximale de trois ans de prison. Les autorités leur reprochent d'avoir traversé la région de Quetta sans autorisation spéciale.