Les deux reporters de L'Express sont sortis libres de la prison centrale de Karachi. Ils ne peuvent pas quitter le territoire pakistanais. Les autorités détiennent toujours au secret leur collaborateur pakistanais accusé d'avoir organisé un faux reportage dans la région de Quetta.
Un juge de la Haute cour de Karachi a ordonné, le 24 décembre, la mise en liberté sous caution des reporters français de L'Express, Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau. Le même jour, l'avocat du journaliste-interprète, Khawar Mehdi Rizvi, a déposé une demande d'habeas corpus. Le journaliste est détenu au secret depuis plus d'une semaine.
Reporters sans frontières se félicite de la décision de la justice pakistanaise de libérer les journalistes français. Si aucune charge n'est retenue contre eux, il paraît logique que leur collègue Khawar Mehdi Rizvi soit également libéré puisque, du fait de sa nationalité pakistanaise, il a tous les droits de se rendre à Quetta. Reporters sans frontières confirme que Khawar Mehdi Rizvi était sous contrat rémunéré avec l'hebdomadaire L'Express, ce qui ne constitue en aucun cas un crime.
Le juge de la Haute cour du Sind, Zawar Hussain Jafferi, a ordonné, le 24 décembre, la libération de Marc Epstein et Jean-Paul Guilloteau, reporters de L'Express. Les autorités ne se sont pas opposées à leur libération. Les deux journalistes ont ensuite été présentés devant un autre juge de Karachi qui les contraint à rester au Pakistan jusqu'au 10 janvier dans l'attente de leur jugement. Les deux reporters sont sortis de la prison centrale de Karachi quelques heures plus tard.
Le même jour, l'avocat de Khawar Mehdi Rizvi, Abid Saqi, a déposé une demande d'habeas corpus devant la Haute cour du Sind. Le gouvernement doit présenter le journaliste devant la justice avant le 31 décembre et fournir les motifs officiels de sa détention.
La télévision pakistanaise a diffusé, le 23 décembre, une interview de Khawar Mehdi Rizvi qui affirme avoir négocié la somme de deux mille euros comme salaire pour réaliser un reportage dans la région de Quetta avec les journalistes de L'Express. Des témoignages mensongers ont également été télévisés par PTV qui tentent de faire croire que les trois journalistes ont monté un faux reportage.
De nouveaux témoignages sur les qualités professionnelles de Khawar Mehdi Rizvi ont été envoyés aux autorités pakistanaises. Le grand reporter du New York Times, Dexter Filkins, s'est adressé au président Pervez Musharraf en lui demandant la libération du journaliste pakistanais.
Reporters sans frontières tient à rappeler que Khawar Mehdi Rizvi est un journaliste indépendant qui a collaboré avec de nombreux médias étrangers, notamment français. Il est connu pour avoir toujours refusé le sensationnalisme de certains médias occidentaux. Dans une interview publiée dans le magazine français Médias, il affirmait : "Je refuse certaines propositions, et l'argent n'a rien à voir là-dedans." Par ailleurs, M. Rizvi, l'un des responsables de la Fondation Rushd, a récemment organisé à Islamabad un séminaire de formation pour les journalistes de l'Union des journalistes des zones tribales avec le FATA Development Network. Il est également l'un des responsables au Pakistan de l'Association des médias libres d'Asie du Sud (SFAMA). Son action en faveur des populations défavorisées d'Afghanistan, l'a également conduit à mener à bien un projet de centre de santé à Peshawar, le Aziza Health Center.