Manifestations meurtrières au Bangladesh : RSF appelle les autorités à faire toute la lumière sur la mort du journaliste Mehedi Hasan
Un journaliste, Mehedi Hasan du Dhaka Times, a été tué et une trentaine d’autres professionnels de l’information ont été blessés, alors qu’ils couvraient des manifestations étudiantes à Dacca, la capitale. Reporters sans frontières (RSF) condamne ces violences inacceptables et interpelle les autorités pour qu’elles ne laissent pas ces attaques impunies et qu'elles protègent les reporters qui informent des troubles socio-politiques en cours.
Mise à jour du 24/07/2024 : Le 19 juillet, dans la ville de Sylhet, au nord-est du Bangladesh, un deuxième journaliste, A.T.M. Turab, a été tué par des tirs de la police lors des manifestations. Il était correspondant du journal Dainik Naya Diganta et travaillait aussi pour le journal local Dainik Jalalabad.
Un déferlement de violence. Un journaliste a été tué et une trentaine d’autres ont été blessés alors qu'ils couvraient des manifestations étudiantes, très violemment réprimées. Le rétablissement d’un système de quotas, jugé discriminatoire, pour l’accès aux emplois publics, décidé en juin par la Haute Cour, a déclenché cette vague de protestation. Les affrontements se sont intensifiés la semaine du 15 juillet entre les forces de l’ordre, soutenus par les partisans du gouvernement, et les étudiants.
Le journaliste du Dhaka Times, Mehedi Hasan, 35 ans, a été tué le 18 juillet, alors qu’il couvrait les événements à Dacca, capitale du Bangladesh, dans des circonstances qui restent à identifier. Une trentaine de journalistes ont également été attaqués et blessés. Certains frappés par la police ou atteints par des tirs émanant des forces de l'ordre. D’autres ont été agressés par des partisans de la Bangladesh Chhatra League (BCL), l’aile étudiante du parti au pouvoir, la Ligue Awami, qui a activement soutenu la répression policière. D’autres encore se sont trouvés pris dans les affrontements.
Un black-out a également été imposé dans le pays ce vendredi 19 juillet. Les autorités des télécommunications du Bangladesh, la Bangladesh Telecom Regulatory Commission (BTRC), ont demandé aux fournisseurs d'accès à Internet de fermer le service d'Internet mobile dans tout le pays. Les services de téléphonie mobile ont également été coupés. Les médias en ligne sont inaccessibles.
“Il est effroyable qu’un journaliste trouve la mort en couvrant des manifestations. Il est inacceptable de voir des agressions multiples contre des reporters. RSF condamne la violence brutale qui s’est abattue sur des professionnels des médias, qui exercent simplement leur métier, et demande que les responsables de ces attaques soient identifiés et traduits en justice sans aucun délai. Les autorités doivent garantir la sécurité des journalistes et le droit à l’information
Les journalistes blessés alors qu’ils couvraient les manifestations, dont la répression s’est intensifiée la semaine du 15 juillet, sont, à ce jour, selon les informations recueillies par RSF :
- Nadia Sharmeen, reporter de la chaîne de télévision privée Ekattor TV (a été blessée le 18 juillet par des balles tirées par la police anti-émeute dans l'après-midi à Jatrabari, à la périphérie de Dacca.
- Le journaliste Muktadir Rashid Romeo a également été blessé par des balles de la police anti-émeute le 18 juillet à Dacca.
- Le photographe de presse de Dainik Manabzamin Jiban Ahmed a été blessé devant la télévision publique Bangladesh Television (BTV) lorsque des manifestants ont incendié l’entrée du bâtiment de la chaîne et des dizaines de véhicules garés à l’extérieur.
- Le reporter de The New Nation, Kamruzzaman Bablu, le correspondant pour la chaîne de télévision privée MyTV, Rakib Ahmed, et un journaliste de Dainik Janabani ont été blessés par des tirs de gaz lacrymogène le 18 juillet à Dacca.
- Le reporter de la chaîne de télévision privée Jamuna TV, Vaskar Bhadury, a été attaqué le 17 juillet, lors d'affrontements entre des étudiants protestataires et des partisans de la Bangladesh Chhatra League (BCL), sur le campus de l'université de Dacca.
- L’étudiant en journalisme Abdullah Al Mamun, correspondant du journal indépendant Prothom Alo sur le campus de l'université de Jahangirnagar, a été blessé à la tête, au cou et aux mains, selon un médecin de garde du centre médical de l'université. Le journaliste a déclaré que, bien qu'il ait présenté sa carte d'identité de presse, un policier l'a frappé avec une matraque. “Lorsque j'ai tenté de m'enfuir, le policier a tiré une balle en caoutchouc sur moi, sur le campus de l'université”, a-t-il ajouté. Au moins quatre autres journalistes ont été gravement blessés sur ce campus de Jahangirnagar, lorsque la police a tiré des balles en caoutchouc dans leur direction.
- Le photographe de presse de Dainik Janakantha, Sumanta Chakrabarty a eu la jambe fracturée, après avoir été attaqué, avec de nombreux reporters de télévision, vidéastes et photographes de presse, lors d'un affrontement, dans la nuit du 16 juillet, entre les manifestants et la police anti-émeute, de connivence avec les partisans de la Bangladesh Chhatra League (BCL). .
- Le correspondant de Bonik Barta, Mehedi Mamun, le correspondant de Bangladesh Today, Jubayer Ahmed, le correspondant de Dainik Bangla, Abdur Rahman Sarzil, le correspondant de Dainik Janakantha, Wajtul Islam, le reporter d'Ekushey TV, Jubaer Ahmed, le reporter de Dainik Jugantor, Musfiqur Rezwan, le reporter de Bangla Tribune Arman Bhuiyan, et le correspondant de Dainik Janakantha, Motahar Hossain, ont également été blessés sur le campus de l'université de Dacca.
Les affrontements et la violente répression des manifestations étudiantes depuis le 15 juillet, ont fait au moins 39 victimes à travers le pays – dont 32 le 18 juillet-, et plus de 700 de blessés.